La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) (42 page)

H
ollywood est né d’un désir d’indépendance de certains studios new-yorkais qui refusaient de s’allier au tout-puissant (et illégal) trust de la Motion Picture Patents Company (MPPC), qui prétendait régir le monde du cinéma aux États-Unis. Établie à New York, la MPPC était dirigée par les studios Biograph et Edison et comprenait Pathé, Vitagraph, Lubin, Kleine, Kalem, Selig, Essanay, Méliès et Armat parmi ses membres. Ils s’étaient arrogé le droit de produire, distribuer et diffuser tous les films sur le territoire américain ; si un indépendant désirait en faire de même, il devait en demander l’autorisation auprès de la MPPC et s’acquitter de droits exorbitants.

Afin d’échapper à ce racket, plusieurs sociétés partirent s’installer en Californie et les Studios Nestor furent les premiers à ouvrir en 1911. Pour lutter à armes égales avec les agents de la MPPC, les « Californiens » créèrent la Motion Picture Distributing and Sales Company, sous l’égide de Carl Laemmle. Celui-ci la quitta pour fonder l’Universal Manufacturing Company. Toutes ces sociétés avaient alors des méthodes pour le moins curieuses pour défendre leurs intérêts face aux attaques du trust de la MPPC : les cow-boys de l’Ouest étaient engagés à raison de cinq dollars par jour pour protéger les studios des tentatives de sabotage en provenance de New York. Tous les litiges se réglaient à coups de revolver. En Californie, Universal tenta d’évincer un rival, Inceville, le studio de Thomas Ince, en l’assiégeant avec des gardes armés. Mais Ince, la grande vedette du western, répliqua en donnant l’ordre à ses cow-boys de tirer sur quiconque franchirait les portes de son studio. Les hommes d’Universal renoncèrent à leur projet. Il n’y avait pas encore de star-system, ni de force de police organisée. Ainsi, en 1911, un jardinier japonais, excédé par le bruit incessant qui émanait des studios de la Selig, abattit le réalisateur Francis Boggs qui tournait un film sur place. Autre fait marquant : le plus grand réalisateur de l’époque, Cecil B. De Mille, avait exprimé son désir de s’installer en Californie. Un soir, il se fit tirer dessus par un tueur du trust de la MPPC alors qu’il franchissait Cahuenga Pass.

La MPPC finit par être déclarée illégale et Hollywood retrouva un calme précaire. Née dans la douleur, la capitale du cinéma allait tout au long de son existence avoir du sang sur les mains et connaître d’innombrables scandales.

P
erry Smith est le complice de Richard Hickock dans les quatre meurtres de la famille Clutter, une affaire rendue célèbre par le roman
De sang-froid
de Truman Capote et l’adaptation cinématographique qui en est faite par le réalisateur
Richard Brooks. Les deux meurtriers sont pendus le 14 avril 1965. En décembre 2012, leurs corps sont exhumés afin de permettre des tests ADN pour conclure cette affaire non résolue datant de 1959, en Floride – l’assassinat du couple Walker et de leurs deux enfants. Même si les résultats ne sont pas concluants à cause de l’état dégradé des scellés de l’époque, la justice estime que Smith et Hickock demeurent les suspects n
^o
 1 dans cette affaire.

R
eginald et Ronald Kray sont des frères jumeaux qui font régner la terreur au sein des bas-fonds de Londres dans les années 1960. Leur organisation, « la firme », est construite à l’image de celle d’Al Capone à Chicago. Ils se spécialisent dans le racket, la prostitution et la « protection ». En 1969, ils sont tous les deux condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.

L
e 31 octobre 1968, l’ancien rival et ami de Rudolph Valentino, Ramon Novarro, est brutalement assassiné et torturé par deux frères, Paul et Tom Ferguson, qui en ont après son argent ; le crime ne leur rapportera finalement que 50 dollars. L’acteur de 69 ans est découvert nu sur son lit, les mains attachées dans le dos, un préservatif glissé entre les doigts. Les deux meurtriers organisent une macabre mise en scène : un message écrit sur un miroir indique : « Nous autres filles sommes meilleures que des pédales ! » L’arme du crime se révèle être un phallus en bronze noir que Valentino avait offert à Novarro au temps de sa splendeur,
les assassins l’enfonçant dans la gorge de l’acteur jusqu’à ce qu’il étouffe. La police les retrouve facilement, l’un des frères ayant commis l’erreur de téléphoner à Chicago à une petite amie en se servant de la ligne de Novarro.

M
ark A. Sprague, 26 ans, réussit ainsi à n’écoper que d’une peine d’un an de prison, en échange de l’abandon d’un procès. Cette proposition a été acceptée « avec regret », le 9 janvier 2002, par le procureur de la Cour de Great Falls dans le Montana. Sprague est arrêté en octobre 2001 pour avoir abusé sexuellement du fils de 3 ans de sa compagne de l’époque et avoir tué un chat en sa présence lors de la nuit d’Halloween. En d’autres occasions, il boit du sang de chat devant l’enfant et le menace en plaçant un revolver sur sa tempe. La mère du garçon a refusé de témoigner car elle souffre de dépression et craint les menaces de mort de son ancien compagnon.

Ces rituels ont été dénoncés par un thérapeute lors de séances avec la jeune victime. Rose Lupfer, la mère de l’accusée, a déclaré que son fils pensait être un vampire et qu’il avait pour habitude de boire son propre sang. En l’absence du témoignage de l’ex-compagne de Sprague et en raison d’un vice de procédure qui ne permet pas de retenir les déclarations du thérapeute, le procureur de Great Falls a été obligé d’accepter cette condamnation minime pour Sprague, qui risquait jusqu’à cent ans de prison.

P
our hériter de sa mère, qui a pris place dans l’avion, John Graham place une bombe dans sa valise et fait exploser le vol 629 de la United Airlines qui décolle de Denver, dans le Colorado. Il n’y a pas de survivants et Graham est envoyé à la chambre à gaz en janvier 1957.

C
e cas fut très controversé en Angleterre et souleva les passions. Derek Bentley est pendu à l’âge de 19 ans, alors que c’est son complice, Christopher Craig, qui a tué l’agent de police lors du cambriolage nocturne d’un entrepôt, à Londres, le 2 novembre 1952. Christopher Craig échappe à la peine de mort parce qu’il est mineur.

S
urnommé le « Monstre de Miramichi », Allan Joseph Legere est né au Nouveau-Brunswick le 13 février 1948. Vendeur de voitures à Winchester, en Ontario, dans les années 1970, il est d’abord incarcéré en 1986 pour le meurtre de John Glendenning, un commerçant – un crime pour lequel il écope de la prison à perpétuité.

Le 3 mai 1989, Legere parvient à s’évader de l’hôpital où on le conduit pour recevoir des soins. Pendant sept mois, le tueur sème la terreur dans la région. Il commet quatre meurtres – trois femmes et un prêtre –, et déclenche des incendies. Il est finalement arrêté le 24 novembre 1989. Allan Legere est à nouveau condamné à la prison à vie le 3 novembre 1991.

W
ill Cornick, un Anglais de 16 ans, a été condamné à la prison à vie pour le meurtre de son professeur d’espagnol, à Leeds, en avril 2014. En plein cours, l’élève a poignardé à sept reprises M
^me
 Maguire, une femme de 61 ans, avant d’être maîtrisé. L’adolescent a expliqué aux psychiatres n’en « n’avoir rien à foutre. Tout ce que j’ai fait, c’est plutôt classe et ça n’est pas grave ». Avant son passage à l’acte, Will avait prévenu ses amis, leur expliquant qu’il avait l’intention de tuer d’autres professeurs, dont une, enceinte, « afin de tuer son enfant pas encore né ». Sur sa page Facebook, il échangeait des messages avec un ami où il lui parlait du futur meurtre et de l’avantage qu’il y avait
à passer sa vie derrière les barreaux : ne plus avoir à se soucier de l’avenir. « Madame Maguire est une vraie salope, elle mérite de crever. La torture, c’est encore trop bon pour elle. » Interrogé par des psychiatres, il a déclaré : « Je n’étais pas sous le choc, j’étais content. J’étais fier et je le suis encore. Je n’avais pas le choix. Soit je la tuais, soit je me suicidais. Je sais que sa famille est malheureuse, mais je m’en fiche. »

C
e cambrioleur et maître chanteur, déjà condamné au Canada, s’installe à Londres en 1958 où il continue sa vie de criminel. Arrêté par le sergent Purdy, il l’abat d’un coup de feu. Lors de son interpellation musclée, Podola est frappé à la tête et s’évanouit. Lorsqu’il reprend connaissance, il affirme ne plus se souvenir de quoi que ce soit. Les expertises sont contradictoires sur son amnésie. Il est jugé et condamné à la peine de mort. Dans l’attente de son exécution, une lettre écrite à un ami dévoile la supercherie de Podola sur sa prétendue « amnésie ».

U
n cadavre de femme a été retrouvé dans la ville de Port Orchard, non loin de Seattle, quelques heures après que son meurtrier présumé a annoncé sa mort sur Internet. « Étrangler une femme, c’est bien plus difficile que dans les films », a commenté le suspect sur le forum 4chan. Il a ensuite publié
une série de photos du cadavre de la victime : « Je voulais juste partager les photos avant qu’ils ne me retrouvent. Et n’oubliez pas de regarder les journaux d’infos locaux d’ici quelques heures. Son fils va rentrer de l’école, il va voir son corps et il préviendra les flics. Vous croyez peut-être à une blague, mais c’est la putain de vérité. Vérifiez juste ces putains d’infos. »

Le corps sans vie de la victime, une trentenaire nommée Amber Lynn Coplin, a été trouvé dénudé, avec des marques autour du cou, quelques heures après ce
post
, dans son appartement. C’est en effet son fils, âgé d’une dizaine d’années qui a découvert la scène et a prévenu son père à 14 h 50, lequel a ensuite appelé la police à 15 h 26. Le tueur présumé est le petit ami de la victime, David Michael Kalac, 33 ans. Après le crime, Kalac a pris la fuite à bord de la Ford Focus de la victime, avant d’être repéré à Portland. Il s’est finalement rendu et a été placé en garde à vue.

L
e 7 novembre 2014, Robert Steven Laursen Jr., de Rhinelander dans le Wisconsin, loue une chambre à 428 dollars la nuit dans la célèbre maison de Villisca, dans l’Iowa, où huit personnes – six enfants et deux adultes –, ont été massacrées à coups de hache durant leur sommeil en 1912. Ce crime n’a jamais été résolu et la Villisca Axe Murder House a gardé la réputation d’une maison « hantée ». Sa propriétaire a restauré la demeure afin qu’elle ressemble à ce qu’elle était en 1912, au point de ne pas y avoir installé l’électricité. Chercheur dans le paranormal, Robert Laursen loue avec des confrères plusieurs chambres dans la maison. À minuit quarante-cinq, ses hurlements réveillent ses collègues. On le retrouve dans sa chambre, seul, la poitrine
poignardée. Sa blessure, bien que sérieuse, ne lui vaut que quelques jours d’hôpital. Minuit quarante-cinq est aussi l’heure à laquelle le massacre de 1912 s’est déroulé. Robert Laursen s’est refusé à tout commentaire sur cette blessure, qu’il semble s’être lui-même infligée.

En 1911 et 1912, une vague d’assassinats à la hache avait terrorisé tout le Midwest américain. À l’époque, les enquêteurs estimaient que le tueur avait agi avec un complice. Leur itinéraire, qui allait de Portland, dans l’Oregon, jusqu’à Villisca, dans l’Iowa, épousait les itinéraires des voies ferroviaires. Malgré l’arrestation de plusieurs suspects, ces crimes n’ont jamais été élucidés.