Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (15 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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Elle parvint à esquisser un faible hochement de
tête.

Incroyable.
Tout le monde se prenait pour Mère Teresa. Peu importe le nombre de garçons que ces filles s’étaient envoyés dans les vestiaires. Peu importe qu’elles volent, jurent ou se droguent ; elles estimaient toutes être des personnes bonnes, décentes et respectables. Les amies de sa sœur, aussi, se trouvaient très cool. Avant même qu’elles ne l’enferment dans le sous-sol, il détestait déjà la manière dont elles le regardaient avec de grands yeux curieux, comme si elles observaient un oiseau rare dans une
cage.

— As-tu déjà menti à tes
parents ?

Sophie secoua la tête et il éclata de
rire.

— J’ai une autre question. As-tu déjà embrassé un
garçon ?

Une autre négation de la
tête.

Mais cette fois, il ne riait plus. Elle aussi était une menteuse. Il ne supportait pas les menteurs. Il avait déjà fait chauffer le fer à souder, qui attendait près de lui sur son socle métallique. Il n’avait pas à se lever. Il se pencha simplement sur la droite, s’empara du fer préchauffé et lui appliqua l’extrémité brûlante contre le bras avant qu’elle ait pu
protester.

Elle hurla et retira son bras comme s’il lui avait arraché un œil. Il agita le fer devant son visage, pour la
narguer.

— Je… je vous en prie,
arrêtez.

Il ouvrit de grands yeux,
stupéfait.

— Elle parle. Raconte-moi tout sur le dernier garçon que tu as allumé et avec qui tu as flirté avant de le planter tout seul comme un idiot. Parle-moi de lui, Sophie. Je veux des
détails.

Elle referma la
bouche.

En souriant, il appuya le fer incandescent sur sa jambe, sous le genou. Elle donna des coups de pied en hurlant, mais il se penchait toujours, atteignant sa chair partout où il le pouvait malgré ses frétillements tel un poisson hors de l’eau. L’odeur de chair brûlée lui remplissait les poumons et il avait déjà une érection. Au bout de quelques minutes, elle cessa de s’agiter, et il perdit tout son
intérêt.

— D’accord, Sophie. Tu as gagné. J’ai fini. Quel dommage, tu ne verras pas la surprise que je t’avais apportée. Mais comme, dans un sens, je t’aime bien, Sophie, tu as le droit de me poser une question avant que nous partions faire un petit tour tous les deux et que je te laisse t’en
aller.

Pour la première fois depuis des jours, elle arrêta de bredouiller. Ses yeux se remplirent d’espoir.

Il posa le fer à côté de lui et croisa les
bras.

— Nous n’irons nulle part tant que tu n’auras pas trouvé de
question.

— Pourquoi me faites-vous
cela ?

Déçu, il se leva et s’épousseta. Son masque tomba maladroitement en travers de son visage. Sa tête lui faisait
mal.

— Parce que tu es vulgaire et irrespectueuse, Sophie. Je connaissais un groupe de filles exactement comme toi. Elles n’auraient jamais dû faire ce qu’elles ont
fait.

Il leva les mains derrière sa tête et regarda le plafond. Inspirant une grande bouffée d’air vicié, il essaya de chasser les images qui affluaient dans son esprit, mais en vain. Il n’oublierait jamais ce qu’elles avaient fait…
jamais.

— Je sais qui vous êtes, dit-elle.

Cette phrase attira son attention. Après tout, sa victime n’était pas si lâche, elle avait du cran. Il inclina la
tête.

— Pas très intelligente, n’est-ce pas,
Sophie ?

Il se rua vers la commode, attrapa un rouleau de ruban adhésif et revint près d’elle. Arrachant un morceau de bande avec les dents, il lui essuya la bouche du revers de la main avant de lui appliquer le ruban sur les lèvres. Il s’empara une fois de plus du fer à souder et maintint sa tête contre la
colonne.

Il était temps de laisser à Lizzy un nouveau
message.

CHAPITRE 17

Mercredi 17 février 2010, 19 h
 33

 

Un coup d’œil dans le miroir révéla une enfilade d’ecchymoses. Les violets et les bleus se mêlaient, s’étendant de ses côtes jusqu’au milieu de sa
cuisse.

Lizzy fouilla dans son tiroir à la recherche d’une chemise propre et pensa à Hayley. Quand elle avait passé un manteau autour de la jeune fille et l’avait fait asseoir sur le canapé, Hayley avait paru troublée. Lizzy ne voulait pas l’effrayer. Elle devait y aller en douceur, lui donner un peu de soupe chaude avant de commencer à lui poser des questions. Hayley semblait différente ce soir − éreintée et désorientée − elle était loin de la dure à cuire déterminée qui assistait à son cours de défense chaque
mois.

La longue queue de Maggie s’enroula autour de la jambe de Lizzy. Elle se pencha et caressa la fourrure de
Maggie.

— Qu’est-ce qui ne va pas, minou ? Tu n’aimes pas ton nouveau Délice de la
Mer ?


 Miaou.

— Désolée, c’est tout ce que nous
avons.

En revenant vers la cuisine, Lizzy attacha ses cheveux à l’aide d’un élastique. Même si Jared n’allait pas tarder à arriver et avait promis de préparer le dîner, cela ne le dérangerait sans doute pas de partager son repas avec une invitée supplémentaire. Pour l’instant, une soupe chaude ferait l’affaire.

— J’espère que tu aimes la soupe de vermicelles au poulet, lança-t-elle en entrant dans la
cuisine.

Elle remua la soupe sur le feu avant de se diriger vers la pièce principale. Elle était
vide.


 Hayley ?

Les mains sur les hanches, Lizzy regarda autour d’elle. Les verrous de l’entrée étaient ouverts. Elle tira la porte et jeta un œil au-dehors.


 Hayley ?

Elle était partie. Zut. Lizzy revint au pas de course dans la cuisine, éteignit le feu et s’empara de son manteau et de ses clés. Une minute plus tard, elle roulait dans le quartier à la recherche de Hayley, mais la jeune fille avait
disparu.

Une heure après, Lizzy était à nouveau penchée sur sa cuisinière. Elle se demandait si elle ne ferait pas mieux d’avaler sa soupe et de terminer la soirée. Hayley n’était pas revenue et Jared ne s’était pas montré. La vieille pendule suspendue au mur dans la cuisine se moquait d’elle.
Tic-tac. Tic-tac
. D’habitude, le bruit du balancier l’apaisait, mais ce soir, le tic-tac rythmé la provoquait. Il lui disait qu’elle manquait de temps, ou simplement qu’elle était une
idiote.

Jared était en retard. Elle ne devrait pas se sentir affectée. Ce n’était pas un rendez-vous galant. Ils se retrouvaient pour discuter de l’affaire. Mais Lizzy n’aimait pas devoir attendre un homme − elle avait l’impression d’être vulnérable et en manque d’affection.

Au moment où elle éteignait la cuisinière, la sonnette retentit. Lizzy s’approcha de la porte d’un pas nonchalant et jeta un œil par le judas. Jared attendait, en retrait. Il était séduisant avec son épaisse chevelure ondulée décoiffée par le vent et sa barbe de trois jours, qui le faisait moins ressembler à un agent du FBI et davantage à un homme normal. Il était élégant dans son caban en laine ouvert sur une chemise à boutons bleu layette, qui tombait sur un jean bien taillé. Dans une main, il tenait un sac de courses, et dans l’autre, il tendait un bouquet de fleurs : des lis d’un jour, ses
préférées.

Des papillons voletaient dans son ventre.
Idiote.
Ce n’était qu’un dîner avec un vieil ami.
À d’autres !
Le mascara qu’elle avait appliqué sur ses cils et les fleurs dans la main de son invité offraient un tout autre tableau. Elle le regarda s’approcher du
judas.

— Tu comptes me laisser entrer,
Lizzy ?

Souriant intérieurement, elle déverrouilla les serrures et ouvrit la porte. Il se pencha en avant et l’embrassa sur la joue avant de lui tendre les
fleurs.

— Désolé, je suis en
retard.

Il sentait le savon et le bois de santal, c’était encore meilleur que les fleurs. Elle avait envie de lui passer les bras autour du cou et de lui montrer à quel point elle était heureuse de le voir. Au lieu de cela, elle ramena le bouquet contre sa poitrine, comme un
bouclier.

— Quand je t’ai laissée cet après-midi, j’ai retrouvé Jimmy et le reste de l’équipe
opérationnelle.

Il souleva le sac de
courses.

— Puis je suis allé au
magasin.

Elle demeura un moment immobile, s’imprégnant de sa présence. Elle avait envie d’oublier la vraie raison qui l’amenait ici et simplement profiter de l’instant.

— Décidément, tu ne veux pas me laisser
entrer.

— Oh,
désolée.

Elle ouvrit grand la porte et l’invita à passer. Après avoir remis les verrous en place, elle le rejoignit dans la cuisine et le regarda décharger les ingrédients du sac en papier
brun.

— J’espère que tu aimes le saumon, dit-il.

— J’adore le
saumon.

Il sortit une boîte de champignons coupés en tranches et deux têtes de
brocolis.

— Champignons et
brocolis ?

— Il n’y a pas beaucoup de légumes qui me
rebutent.

— Pas même les petits
pois ?

— J’adore les petits
pois.

Il fit la grimace. Elle éclata de rire. C’était bon de
rire.

Le dernier article qu’il sortit de son sac de provisions était un tablier. Il retira son manteau et elle alla le ranger dans la penderie de l’entrée. Lorsqu’elle revint, il avait enfilé le tablier par-dessus sa tête et nouait les lanières autour de sa
taille.

— Ouahou, c’est du sérieux, dit-elle.

Elle contourna le plan de travail pour prendre une poêle à frire dans un
placard.

— Ça fera l’affaire ?


 Parfait.

Il jeta un regard
circulaire.

— J’aurais besoin d’une planche à découper et d’un couteau, et ce sera
bon.

Elle trouva ce qu’il lui fallait et posa les ustensiles à côté de la poêle. Il lui montra la soupe sur la
cuisinière.

— On dirait que tu t’apprêtais à manger sans
moi.

— J’ai eu une visite surprise. Hayley, une fille de mon cours de défense, est passée me voir. Malheureusement, elle est partie avant que j’aie pu lui donner à manger et la
réchauffer.

— Elle va
bien ?

— Je ne sais pas. Elle n’en avait pas l’air. J’ai tourné dans le coin pour la retrouver, mais elle était
partie.

— Tu connais son adresse ? Nous pourrions y faire un saut pour savoir si tout va
bien.

Lizzy posa sur Jared un regard pensif. Il avait toujours été compatissant et attentionné. C’est ce qui lui avait plu chez lui, des années plus
tôt.

— Je n’ai aucune coordonnée correspondant au nom de Hansen. J’ai l’habitude de faire passer des prospectus dans la classe avec une feuille de présence, mais je ne demande que les
noms.

Il lui prit la main et la conduisit sur le tabouret de l’autre côté du
comptoir.

— D’abord, je te prépare à manger. Tu as l’air d’avoir bien besoin d’un repas, puis nous déciderons quoi faire à propos de
Hayley.

— Tu ne veux pas que je t’aide à la
cuisine ?

— Je veux que tu te
détendes.

Il déposa un baiser sur la bosse de son
front.


 Aïe.


 Désolé.

Il retourna à sa place devant le four et sortit une bouteille de cabernet de son sac. En lui montrant le placard où elle rangeait les verres à vin, elle remarqua une trace noire sur son doigt. Du
mascara.

— Je reviens tout de
suite.

Elle se rendit dans la salle de bains et fut effarée par ce qu’elle découvrit dans le miroir. Jared avait fait son apparition comme s’il sortait tout droit des pages de
GQ Magazine
, et elle ressemblait à la femme du Lac Noir. Elle passa une lingette sous ses yeux avant de revenir dans la cuisine. Elle prit le vin qu’il lui offrait et
lança :

— Merci de m’avoir dit que je ressemblais à un raton
laveur.

— Je te trouvais
mignonne.


 Mignonne.

Elle secoua la
tête.

— C’est pour ça que je ne porte pas de maquillage. C’est une perte de temps et ça ne reste jamais en
place.

— Mais tu as pris le temps d’en mettre pour moi. Je suis
flatté.

— Pas la peine. Ce n’est pas un
rencard.

Ses yeux brillaient sous les lumières
fluorescentes.

— Je jurerais avoir deviné du rouge à lèvres quand tu m’as laissé
entrer.

— Rien ne t’échappe, hein,
Shayne ?

— Je te l’ai déjà dit… pas en ce qui te concerne,
Lizzy.

Il se rapprocha suffisamment pour qu’elle sente son corps chaud contre le sien. Cette chaleur familière produisait des étincelles entre eux. Toutes ces années de séparation, et pourtant, il suffisait qu’ils se retrouvent ensemble dans une pièce et c’était comme s’ils étaient de nouveau au lycée. Elle avait senti le courant passer entre eux dans la voiture aujourd’hui, lorsqu’ils attendaient que Valerie Hunt sorte déjeuner. Elle éprouvait la même sensation en ce moment. Bon sang, cette douce chaleur palpitait en elle chaque fois que Jared Shayne se trouvait dans un rayon de deux mètres. L’un comme l’autre, ils étaient surmenés et épuisés. Ils avaient l’esprit trop chargé. Mais cela n’empêcha pas Jared de se pencher vers elle, ni Lizzy de lever le menton jusqu’à ce que sa bouche effleure la sienne. Ses lèvres étaient tièdes, enivrantes. Il avait un goût de vin raffiné, et elle entrevit tout ce que la vie avait de meilleur à
offrir.

Son baiser se fit plus
intense.

Elle se pressa tout contre
lui.

Il lui enleva son verre et le posa sur le comptoir. Sous le poids de son corps, elle recula de quelques pas jusqu’à se trouver adossée contre le
réfrigérateur.

Il fit lentement glisser sa main le long de son bras et sur son épaule. Elle frissonna. Il retira sa bouche de ses lèvres et la colla à son
oreille.

— Tu m’as manqué,
Lizzy.

Les picotements chauds entre ses jambes traduisaient un sentiment mutuel. Sa main glissa sous son tablier et sa chemise. Le contraste était saisissant entre le tissu en coton souple au bout de ses doigts et le muscle ferme en
dessous.

Il referma les mains sur ses fesses et l’attira tendrement contre lui. Un gémissement de désir s’échappa de ses lèvres − le genre de bruit qui donnait envie de se déshabiller et de faire l’amour avec passion, comme leur toute première fois… juste avant que les ténèbres ne l’engloutissent entièrement. Elle s’écarta et prit une profonde
inspiration.

— Qu’y a-t-il,
Lizzy ?

Elle plongea son regard dans le sien. Ce serait si facile de se perdre dans ses yeux, dans son parfum, dans ses
baisers.

— Pourquoi maintenant ? demanda-t-elle. Après tout ce temps, pourquoi
maintenant ?

— Parce que je suis un
idiot.

Son honnêteté aurait pu la faire sourire, mais la sonnerie du téléphone la fit sursauter. Elle suivit Jared près de la boîte noire qui révéla le numéro entrant. Un frisson glacé la parcourut. Elle n’avait pas envie de répondre, mais elle n’avait pas le choix. En pensant à Sophie, elle souleva le récepteur contre son
oreille.


 Allô.

— J’aurais tellement aimé que tu ne me mentes pas,
Lizzy.

Sa voix filtrée par un synthétiseur était robotique et
froide.

— Maintenant, je dois te donner une bonne
leçon.

— Est-ce que Sophie Madison est avec toi ? demanda-t-elle.

— C’est moi qui pose les questions en premier, Lizzy. Si tu me dis la vérité, je pourrai peut-être envisager de te
répondre.

Jared s’était placé tout près pour
entendre.

— Ton petit ami est là avec toi,
Lizzy ?

— Je n’ai pas de petit
ami.

Un rire retentit de l’autre côté de la ligne, comme une toux
glaireuse.

— Laisse-moi reformuler ma question, alors. Est-ce que le garçon que tu baisais avant que je ne te trouve il y a quatorze ans est dans la même pièce que toi en ce
moment ?

Elle sentit Jared se
crisper.

— C’est assez clair, Lizzy ? As-tu rencontré la femme avec laquelle il était fiancé ? La femme qu’il a abandonnée à cause de toi ? Une chevelure d’or et des lèvres douces et roses. Si belle, et pourtant il l’a quittée, Lizzy. Et au bout du compte, il te quittera aussi. Il ressemble beaucoup à sa pute de mère. Je t’aime et je te quitte, voilà la devise de Jared Shayne. Honte sur lui. Maintenant, réponds-moi. Est-ce que ton amant est avec toi en ce
moment ?

Jared contracta la mâchoire. Elle tendit le bras pour lui prendre la main et la lui serrer. Elle devait faire parler
Spiderman.

— Oui, dit-elle calmement. Il est ici avec moi. Tu as la
fille ?

— Pas si vite, Lizzy. Ce n’était qu’une seule
question.

Respire, Lizzy,
respire.

— Est-ce que tu m’aimes toujours plus que ton papa ? Je veux la vérité, rien que la
vérité.

Elle attendit aussi longtemps que possible en espérant que la lumière rouge s’allume pour révéler une
localisation.

— Non, dit-elle.
Non.

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