Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (23 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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À plusieurs reprises, elle tenta de le frapper avec son couteau, mais elle peinait à remuer les bras. Il souriait, de ce sourire lubrique qui barrait le visage de Brian chaque fois qu’il déboutonnait son
pantalon.

La seule différence était que Spiderman ne semblait pas sous l’emprise de la drogue ni de l’alcool. Il savait exactement ce qu’il faisait. Ses yeux étaient grands ouverts et alertes. Avec son épaisse chevelure et sa mâchoire carrée et puissante, il pouvait très bien être professeur ou avocat. Bon sang, c’était l’archétype du citoyen
modèle.

Son corps l’abandonnait, ses jambes et ses bras faiblissaient. Il refusait de lâcher son visage, ses mains toujours fermement plaquées contre sa bouche et son nez.
Alors, c’était fini ? Elle était en train de mourir ?
Ses muscles se détendirent. Elle ne bougeait plus. Avec le reste de force qu’elle put mobiliser, elle ouvrit grand la bouche et mordit avec la rage d’un pit-bull. Elle sentit le goût de son sang et entendit avec délectation le glapissement suraigu qu’il poussa en se
retournant.

Avant qu’il ne comprenne ce qui se passait, elle expulsa un crachat sanglant sur le trottoir, à l’endroit où la lettre se trouvait. Elle espérait que quelqu’un le remarquerait avant qu’il ne se mette à pleuvoir. Fou de rage, il l’empoigna par les cheveux et la traîna sur la pelouse. Il marchait si vite que la hanche de Hayley rebondissait contre le ciment du trottoir. Elle ne sentait plus rien. Son corps était engourdi, mais son esprit restait vif. Elle hurla à pleins poumons comme Lizzy Gardner avait conseillé de le faire, mais aucun son ne
sortit.

CHAPITRE 25

Vendredi 19 février 2010, 20 h
 24

 

Debout devant le miroir de la salle de bains, vêtue d’un t-shirt trop ample et d’un jogging, Lizzy se séchait les cheveux avec une serviette tout en regardant son reflet. Son œil gauche palpitait. Elle tendit le doigt vers le
miroir.

— Allez, tu peux le faire. Pleure, bon sang ! Tu m’entends ? Tu dois bien ressentir quelque chose. Pleure, laisse tout sortir. On te reproche tous les malheurs du monde et tu ne peux toujours pas
pleurer ?

Elle s’empara de la brosse à dents sur le tiroir du haut, y appliqua du dentifrice, se frotta vigoureusement les dents et les gencives. Après un bon rinçage, elle passa un peigne dans ses
cheveux.

Une fois qu’elle eut terminé de se préparer, elle retrouva Jared dans la cuisine, qui faisait chauffer l’eau du thé. Il portait un pantalon et une chemise blanche à col boutonné. Il avait retroussé ses manches jusqu’aux coudes. Sa cravate était enroulée autour d’un sac en toile près de la porte d’entrée. Après ce qui était arrivé à Maggie la nuit précédente, il lui avait annoncé qu’il allait s’installer chez elle quelque
temps.

Elle regarda l’endroit où les gamelles de Maggie étaient habituellement posées et se rendit compte que Jared avait tout enlevé. Leurs regards se
croisèrent.

— La douche est libre, lui dit-elle.


 Merci.

Elle écouta ses messages téléphoniques, en essayant de faire comme si tout allait bien et en se concentrant sur les petits détails, et notamment sa respiration. Encore une preuve qu’elle ne pouvait vivre avec personne. Elle essayait de faire bonne figure, de ne pas bondir dès qu’une voiture klaxonnait à l’extérieur ou qu’une branche d’arbre craquait dans le
vent.

C’était une loque. Elle était dans un état lamentable. Elle n’était pas capable de pleurer. Elle ne ressentait rien. Par contre, elle sursautait toujours au moindre claquement de
doigts.

— Tu as reçu deux appels de Nancy Moreno, la présentatrice du journal télévisé sur Channel 10, lui l’informa Jared en versant de l’eau chaude sur un sachet de thé, dans une tasse marron
insipide.

— Elle souhaite sans doute une interview, dit
Lizzy.

Il était hors de question qu’elle rappelle Moreno. Les nerfs à vif, elle regarda Jared se préparer du thé. Elle se demanda s’il se souvenait encore de la dernière fois qu’ils avaient fait l’amour, des années plus tôt. Elle était de mauvaise humeur. Éreintée, nerveuse. Elle savait déjà qu’elle ne parviendrait pas à trouver le sommeil après tout ce qui s’était
passé.

Jared paraissait si propre sur lui, un parfait gentleman. Au fond, ça l’agaçait prodigieusement. Elle avait envie de lui ébouriffer les cheveux et de déchirer sa chemise, pour voir ce qui se cachait sous ses airs imperturbables. Voir quelle serait sa réaction. Elle avait envie de lui mordiller l’oreille, de le goûter, de sentir son corps ferme contre le sien. Elle voulait prendre le
dessus.

Elle se dirigea vers le réfrigérateur et attrapa une bière dans le tiroir du bas, tout au
fond.

— Tu veux une
bière ?

— Tu m’avais caché
ça.

Oubliant son thé, il décapsula les bouteilles et lui en tendit une. Elle avala une gorgée. Le liquide froid glissa le long de sa gorge sans lui laisser le moindre goût sur les papilles. Elle revint dans le salon, s’affala sur le canapé et but une autre gorgée. Rien. Elle ne parvenait pas à pleurer, ni à sentir le goût de cette foutue
bière.

Jared la
rejoignit.

— Parle-moi de la femme avec laquelle tu étais fiancé, dit-elle.


 Peggy ?

— C’est son
nom ?

— Tu veux que je te parle de
Peggy ?

Oui et
non.


 Oui.

Il était assis à l’autre bout du canapé, trop loin pour qu’elle puisse le toucher en tendant la main, à moins d’étirer sa jambe pour poser le pied sur ses genoux.
Que ferait-il si elle frottait ses orteils contre son
entrejambe ?

Il se redressa et cala la bière entre ses
cuisses.

— Peggy était une gentille fille. Nous nous sommes rencontrés à l’université. Elle étudiait le droit. Moi, j’étudiais la
psychologie.

— Tu l’as revue
récemment ?

Il sirota sa bière avant de
répondre.


 Non.

— Elle te
manque ?

— Je pense à elle de temps en
temps.

Merde. Il n’était même pas foutu de lui sortir un petit
mensonge ?

— Et qu’est-ce que tu te dis quand tu penses à
elle ?

Jared la dévisageait. Ses yeux étaient si beaux qu’elle avait envie de plonger dans le bleu de son regard et de s’y
prélasser.

— Quand je pense à elle, je ne peux que lui souhaiter le
meilleur.

Lizzy prit une autre gorgée en espérant ressentir l’effet de l’alcool.

— Rien de ce qui s’est passé n’est de ta faute, dit-il en percevant son angoisse. Tu le sais, n’est-ce
pas ?

— D’un point de vue logique, oui. D’un point de vue émotionnel,
non.

Elle
soupira.

— Alors, à quoi ressemble
Peggy ?

— Pourquoi es-tu si curieuse au sujet de
Peggy ?

Elle haussa les
épaules.

— Ça m’intéresse.

— Elle est heureuse en ménage et a deux
enfants.

— Ah, alors elle a des hanches larges et des cernes sous les
yeux ?

Il eut un sourire
désabusé.

Elle avala une longue gorgée.
Et puis merde
. Elle posa la bouteille sur la table basse, puis se pencha pour lui enlever sa bière et l’éloigner de lui. Ensuite, elle l’enjamba pour se retrouver contre son torse. Elle avait les jambes repliées et ses genoux s’enfonçaient dans le canapé, de part et d’autre de ses
hanches.

— Je ne sens plus mon corps, lui dit-elle en se penchant pour effleurer son oreille du bout des lèvres. J’ai l’impression d’avoir toujours été glacée et engourdie. Aide-moi à retrouver des
sensations.

Elle perçut un léger tic nerveux à travers la barbe de quelques jours qui recouvrait sa
mâchoire.

Elle l’embrassa dans le cou. Il sentait le savon, la bière et le bois de
santal.

— Est-ce que tes parents me détestent
toujours ?

— Ils ne t’ont jamais détestée. Personne ne te
déteste.

— Parfois, je me déteste moi-même.

Elle déposa un baiser près de sa
bouche.

— J’ai des
cauchemars.

Elle lui embrassa l’oreille.

— Je vois d’horribles choses. Chaque matin, je me réveille en me demandant si je serai un jour débarrassée de
lui.

— Je veux que tu en sois débarrassée, dit-il. Tu souffres depuis trop
longtemps.

Il parlait, mais il ne la touchait pas, il ne faisait rien. Elle l’embrassa sur la mâchoire avant de faire glisser sa bouche vers la sienne. Ses lèvres étaient
chaudes.

— Tu te souviens de notre première fois
ensemble ?

Enfin, il se décida. Il prit son visage entre ses mains et plongea ses yeux dans les siens. Son cœur manqua un battement, sous l’effet de son regard. Enfin. Elle ressentait quelque
chose.

— Je n’oublierai jamais nos moments ensemble, dit-il.

Attrapant son t-shirt par l’ourlet, elle le souleva et le passa par-dessus sa tête avant de le jeter de côté. Elle avait envie d’attirer sa bouche vers sa poitrine, de sentir sa langue courir sur sa peau, mais il semblait se satisfaire de la
regarder.

Elle passa les doigts dans ses cheveux et
dit :

— Je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai pleuré. Touche-moi, Jared. Embrasse-moi comme tu le faisais, quand rien d’autre ne nous préoccupait que notre prochain
examen.

Elle voulait que ses mains et sa bouche l’entraînent hors de l’espace et du temps, quelque part où les oiseaux chantaient et où le soleil la réchaufferait de l’intérieur.

Elle lui dégrafa la chemise, un bouton à la fois, descendant lentement. Son torse était lisse et ferme, ses bras puissants et bien
dessinés.

— Lizzy, dit-il, ce n’est peut-être pas le bon
moment.

— Ce ne sera peut-être jamais le bon moment. J’ai besoin de toi. Ne m’oblige pas à te
supplier.

Il écarta les cheveux humides de son visage et attira sa bouche vers la sienne. Leur baiser fut long, intense et chaud. Elle se pressa contre lui et réalisa qu’il se retenait, car il avait déjà une érection. Des vagues de désir la parcoururent. Elle avait envie d’être entreprenante. Comme si le temps leur glissait entre les doigts, elle lui enleva sa chemise et lui décrocha la ceinture. Au moment où elle baissait la fermeture de son pantalon, il lui attrapa les mains et l’immobilisa, avant de la repousser légèrement pour se lever. Il la souleva alors dans ses bras et la porta jusqu’à la
chambre.

— Nous avons toute la nuit, dit-il. J’ai attendu longtemps ce moment et je ne veux pas en rater une
miette.

Il traversa le couloir avec aisance et entra dans sa chambre, où il la déposa délicatement sur le lit avant de lui retirer son jogging d’un seul geste. Il quitta son pantalon et son caleçon. Il se tenait devant elle, dans toute sa beauté, et elle s’imprégna de la vue. Il la contempla pendant de longues minutes, mettant sa patience à l’épreuve. L’intensité de son regard la remplissait d’une envie qu’elle n’avait pas ressentie depuis très longtemps. Sa poitrine se noua et elle sentit des palpitations de désir entre ses
cuisses.

Il remonta le long de son corps, se frayant un chemin à coup de baisers jusqu’à son cou et parcourut sa clavicule. Elle se cambra pour qu’il embrasse sa poitrine. Elle fit courir ses doigts dans ses cheveux avant de rapprocher sa bouche de la sienne, électrisée par la sensation de sa mâchoire râpeuse contre sa
peau.

Des images floues se succédèrent dans son esprit. Elle se mit à paniquer, craignant d’y apercevoir quelque chose qu’elle ne voulait pas voir, mais Jared fit glisser sa bouche jusqu’à son oreille pour lui dire qu’elle était belle, la ramenant aussitôt à l’instant
présent.

— Tu m’as manqué, confia-t-il, comme pour l’aider à profiter du
moment.

Il l’embrassa à nouveau. Son corps réchauffait le sien et il prenait soin de ne pas l’écraser sous son
poids.

— Tu n’imagines pas à quel
point.

— Tu m’as manqué, toi aussi, dit-elle en humant le parfum de son après-rasage qui s’attardait.

Elle retrouva sa bouche. Elle sentit son excitation, dure contre sa cuisse. Emportée par un élan de désir et craignant que le temps ne leur échappe, elle inclina les hanches pour l’inviter à entrer en
elle.

Il ne fit rien pour s’opposer à ses gestes impatients. Au contraire, il s’attacha à la combler pleinement, savourant ce qu’elle lui offrait et adaptant ses mouvements aux
siens.

Ils jouirent en même temps, frissonnant dans les bras l’un de l’autre. Tout était parfait, jusqu’à ce qu’il se blottisse contre elle et lui
murmure :

— Je t’aime,
Lizzy.

 

 

Vendredi 19 février 2010, 20 h
 53

 

Karen Crowley faisait les cent pas dans sa chambre d’hôtel. Elle composa le numéro une fois de plus. À la cinquième sonnerie, sa mère décrocha. Dieu soit
loué.

— Maman, je ne le trouve nulle part. Tu es sûre qu’il travaille à
Sacramento ?

— Karen, il est tard. Pourquoi est-ce si important pour toi de retrouver ton frère après tout ce
temps ?

Karen soupira. Elle avait oublié le décalage horaire, mais ça lui était bien égal. Elle n’avait pratiquement pas dormi depuis son arrivée aux États-Unis. Elle devait trouver son frère et tout arranger avant que la culpabilité ne la ronge
intégralement.

— Maman, tu te rappelles quand papa et toi êtes partis en voyage en Europe en me laissant m’occuper de
Sam ?

— Tu es toujours fâchée à ce sujet ? Pour l’amour de Dieu, combien de fois vas-tu me reprocher d’avoir vécu ma vie, Karen ? Je t’ai déjà dit que j’étais désolée. Tu avais presque dix-sept ans. Nous pensions que tu pourrais assumer cette responsabilité. Tu n’attendais qu’une chose, c’est que nous fassions nos valises et que nous franchissions cette
porte.

Karen ferma les yeux. C’était vrai. Ses amies et elle avaient planifié les réjouissances. Une fête chez les Jones, tout le monde ! Alcool, drogues, feux d’artifice.

— C’est vrai, reconnut Karen. Je voulais que vous partiez. Mais ce n’est pas la raison de ma présence ici, ni de mon appel. Je ne veux pas te parler de toi et moi. Je veux te parler de Sam. Il est arrivé quelque chose pendant que papa et toi étiez partis, cet été-là.

— Quoi qu’il en soit, Karen, tu dois lâcher prise. Ce n’est pas sain de s’accrocher au passé comme ça. Sam est marié, il est heureux, il a réussi. Il vit dans une belle maison avec sa merveilleuse épouse. Je t’ai déjà raconté qu’il n’aurait jamais rencontré Cynthia sans moi ? C’était ma voisine
et…

— Maman ! Arrête ! S’il te plaît. Tu m’as répété cette histoire un millier de fois. Je sais… sans toi, Sam n’aurait jamais rencontré Cynthia. Sam est si parfait. Sam est si brillant ! Sam par ci, Sam par
là.

Rien n’avait changé. C’était exactement pour cette raison qu’elle avait fui à l’époque. Mais ce n’était pas la faute de Sam si leur mère était folle de lui et le plaçait sur un
piédestal.

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