Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
À Mons, un père publie des nécrologies en hommage à son fils Corentin, qu’il a lui-même assassiné.
C
haque 23 avril, depuis quatre ans, date anniversaire de la mort de son fils Corentin, tué de ses propres mains à Dinant (Belgique), ce père fait publier une nécrologie dans les pages du journal
La Province
.
Le 23 avril 2007, Patrice conduit son fils Corentin, 8 ans, jusqu’aux rochers de Freyr à Dinant. En chemin, il passe un coup de fil à son ex-femme pour lui annoncer qu’elle ne reverra plus jamais son fils vivant. Elle prévient aussitôt la police. Malheureusement, il est déjà trop tard. Pour se venger d’elle et la priver de son fils, Patrice tue Corentin.
Grâce à son propre père qui le soutient, Patrice fait publier chaque année une notice nécrologique dédiée à la mémoire de
Corentin. « Sept ans déjà que tu as rejoint le paradis blanc, envole-toi, mon enfant, mon fils, ma douce lumière, jusqu’à ce que nous nous retrouvions. Ton vrai papa qui t’aime pour toujours, Patrice », peut-on lire dans l’édition de 2014.
Première agression de Mamadou Traoré, surnommé le « Tueur aux poings nus ».
E
ntre avril et octobre 1996, six femmes de race blanche sont agressées à Paris de manière tellement violente que les enquêteurs ont d’abord pensé que le responsable pouvait utiliser une batte de base-ball. Os et mâchoires brisés, crâne défoncé, hémorragies multiples, viols – deux d’entre elles décèdent de leurs blessures, les quatre autres souffrent de séquelles irréparables et de handicaps à vie, ainsi que d’une amnésie totale quant aux événements. Mamadou Traoré s’est servi de ses poings nus pour les frapper avec une sauvagerie inouïe. Lorsque démarre son procès le 7 février 2000, c’est un homme athlétique, de race noire, vêtu d’un jogging aux couleurs criardes, qui se présente devant la cour d’assises de Paris. Tous les regards se portent sur ses mains musclées et épaisses qui agrippent la barre. Les mains d’un tueur parfois naïf, mais toujours arrogant, roué et sans l’ombre d’un remords pour ses victimes. Dès le début, le ton est donné par l’accusé : « Je ne suis ni un criminel ni un psychopathe. » Il ajoute tranquillement : « Je n’ai pas d’antécédents en criminologie, juste en drogue. Je n’ai jamais eu de problèmes sexuels. Je suis un jeune homme séduisant. J’attire les femmes. Pardonnez-moi, mesdemoiselles, de tout le mal que je vous ai fait. Vous auriez pu toutes y laisser la vie. Je vous jure que je ne l’ai pas fait exprès. Les actes que j’ai commis, je n’en suis pas responsable. C’est bien moi qui ai commis tous ces actes très graves, mais involontairement, car mon père m’a marabouté en 1994. Quand je regarde ce que représente une femme dans le cœur d’un homme, je ne pense pas que faire mal à une femme puisse être un plaisir. »
Selon les experts psychiatres, l’accusé est un individu « impulsif et dangereux » qui est pénalement responsable, mais souffre d’un « trouble psychique ayant altéré son discernement et entravé le contrôle de ses actes ». En 1996, lorsqu’il apprend sa séropositivité et se fait expulser de l’appartement de sa mère avec laquelle il vit une « relation fusionnelle », ces deux événements traumatiques libèrent les « pulsions les plus archaïques de sa personnalité psychopathique. S’estimant menacé de mort, il commet des actes meurtriers et violents au cours desquels il est subjugué par son omnipotence. Il semble ressentir auprès des victimes inconscientes ou sans vie une sorte d’apaisement des tensions qui l’animent ».
Lors du dernier jour de son procès, Mamadou Traoré ose tenter de convaincre les jurés de son statut de « victime » : « Je ne suis pas fou, je ne suis pas bête, je suis même très intelligent. Je ne suis pas dupe. J’avais tout pour réussir. J’en ai marre, je suis fatigué de tous vos mensonges, de vos histoires de criminologie et de serial killer. J’en ai marre parce que ma vie s’est brisée. J’en ai marre parce que j’avais tout pour réussir dans le football. Il n’y a que moi qui dise la vérité. Je suis une victime, pas un assassin. Les deux femmes qu’on m’accuse d’avoir tuées ne sont pas mortes accidentellement. Elles ont été assassinées par la brigade criminelle. Je veux qu’on me rende justice à moi aussi. Donnez-moi un ballon de foot et on verra qui est Mamadou Traoré. Je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas un criminel. » L’homme n’a aucun respect ni pour le tribunal ni, bien sûr, pour les victimes puisqu’il va jusqu’à ajouter : « D’ailleurs, si j’étais un criminel, les victimes qui sont devant moi, elles ne seraient pas là aujourd’hui. Quand je vois ma réputation, mon image de marque et que, depuis huit jours, ces femmes me regardent et me jugent, cela me fait mal. Depuis le début de ce procès, on pense énormément à ces femmes. On ne pense pas à moi. Je souffre énormément. Je paie pour mes parents. C’est eux qui devraient être traînés au tribunal. Je demande justice. » Elle est rendue. Au bout de plus de trois heures de délibéré, l’accusé est condamné à la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans.
Erwin « Machine Gun » Walker blesse grièvement deux policiers à Los Angeles lors d’une tentative de cambriolage. Son cas inspire un classique du film noir.
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rofondément marqué par la mort de son meilleur ami, dont il s’estime responsable, lors de la Seconde Guerre mondiale, Erwin Walker retourne à L.A. où il vole six mitraillettes et une douzaine d’armes de poing dans un entrepôt de l’armée. Il effectue plus d’une dizaine de braquages où il n’hésite pas à ouvrir le feu, y compris sur les forces de l’ordre. Son but ? Amasser assez d’argent pour construire un « rayon de la mort » qui rendra toute nouvelle guerre impossible. En juin 1948, il tue l’officier Loren Roosevelt (un cas célèbre au sein du LAPD).
Walker se confesse auprès de sa petite amie catholique qui le dénonce à un prêtre qui, à son tour, avertit la police. Le sergent Wynn le blesse grièvement lors de son arrestation. Alors qu’il agonise et pense mourir, Walker avoue ses crimes. Lors de son procès, il plaide la folie (son grand-père a lui-même été interné), mais il est condamné à la peine de mort. Six mois avant la date de son exécution, son père, qui s’est ruiné pour les frais de défense, se pend. En avril 1949, trente-six heures avant d’entrer dans la chambre à gaz, des gardiens découvrent Erwin Walker inconscient, la gorge nouée avec un câble de radio. Il reste plusieurs semaines dans le coma, avant que six psychiatres ne le jugent fou. On l’envoie dans un asile psychiatrique jusqu’à ce qu’il soit rétabli pour être exécuté.
En 1959, on l’estime guéri, mais le gouverneur de Californie Pat Brown commue sa sentence en une peine de prison à vie. En 1971, un nouveau procès se déroule et le juge déclare que sa confession de 1946 n’était pas recevable. On le relâche et il travaille comme chimiste sous une nouvelle identité dans le sud de la Californie.
Son cas inspire le formidable film noir d’Alfred Werker,
He Walked By Night
(
Il marchait la nuit
) avec Richard Basehart, dont
une séquence, au moins, est tournée par le réalisateur Anthony Mann.
Mary Phagan est violée et assassinée à Atlanta.
L
e meurtre de cette ouvrière de 14 ans marque durablement les États-Unis et soulève un tollé général des médias après l’application de la « loi du lynch ». On accuse Leo Frank du crime, malgré de très forts doutes sur sa culpabilité. Le présumé criminel est extrait de la prison avant d’être lynché en public devant la maison de Mary Phagan, deux ans plus tard.
Pendaison à la prison de Salem (Inde) du tueur en série Auto Shankar.
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endant une période de six mois en 1988, Auto Shankar, son frère et des complices, kidnappent neuf adolescentes qu’ils assassinent à Thiruvanmiyur, dans la province de Chennai. Shankar accuse l’influence néfaste du cinéma qui l’a poussé à commettre ces crimes, avant de rejeter la faute sur des politiciens qui auraient commandité les kidnappings pour violer des jeunes filles.
Un tueur en série de gays est arrêté au Pakistan.
U
n serial killer de gays au Pakistan, âgé de 28 ans, a été arrêté après avoir assassiné au moins trois hommes à Lahore. Abusé durant son enfance, le tueur a expliqué vouloir se
venger de ceux qui « propagent des maladies et leur donner une leçon ». Il rencontrait ses victimes par Internet.
Sept arrestations après le meurtre rituel d’un bébé brûlé vif au Chili.
S
ept personnes appartenant à une secte, dont la mère du bébé, ont été inculpées après que l’enfant a été brûlé vif le 23 novembre 2012, deux jours après sa naissance. La « cérémonie » s’est déroulée dans une ferme de Quillaguay, à environ 100 km de la capitale Santiago. Le gourou, Gustavo Castillo Gaete, 36 ans, qui serait le père du bébé, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Il se serait réfugié au Pérou. Il entretenait des relations sexuelles avec les cinq femmes de la secte, dont les membres ingurgitaient de
l’ayahuasca
, un breuvage hallucinogène à base de lianes. Le bébé a été sacrifié pour « sauver le monde » – avant sa fin prévue le 21 décembre 2012, selon une prophétie maya.
Michel Campi est guillotiné place de la Roquette pour avoir fracassé le crâne de M. Ducros de Sixt avec une massette de casseur de pierre, le 10 août 1883.
V
oici comment le bourreau Sanson explique dans ses mémoires publiés en 1830 la genèse de cette machine à tuer : « La Révolution française qui devait rendre tout citoyen égal devant la loi, devait presque en même temps, en cas de crime, le rendre égal aussi devant la mort. Le 21 janvier 1790 paraissait le décret suivant : “Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même, quelle que soit la nature du délit : le criminel sera décapité, et il le sera par
l’effet d’une simple machine.” Cette machine, qui devait prendre le nom, non pas de son inventeur, mais seulement du docteur Guillotin qui l’avait perfectionnée, était la guillotine. Ce zélé citoyen, mu par un sentiment d’humanité qui n’avait pour objet que d’abréger et de rendre moins douloureux le supplice des condamnés, n’avait fait que perfectionner un instrument déjà connu en Italie sous le nom de “mannaia”, dès l’année 1507. »
Citons Jean d’Auton, historiographe de Louis XII : « Le bourreau prit une corde à laquelle était attaché un gros bloc avec un couteau tranchant venant d’amont, entre deux poteaux, et tira ladite corde de manière que le bloc tranchant tomba entre la tête et les épaules. La tête s’en alla d’un côté, et le corps tomba de l’autre. » C’était, écrivait au
XVII
e
siècle le père Labat qui venait de visiter l’Italie, « un châssis de quatre à cinq pieds de hauteur, d’environ quinze pouces de largeur ; il est composé de deux montants d’environ trois pouces en carré, avec des rainures en dedans, pour donner passage à une coulisse dont nous dirons l’usage ci-après. Les deux montants sont joints l’un à l’autre par trois traverses à tenons et à mortaises ; c’est sur l’une de ces traverses que le patient, à genoux, pose son cou. Au-dessus de celle-ci s’en trouve une autre mobile, en coulisse, qui se meut dans les rainures des montants. Sa partie inférieure est garnie d’un large couperet, de neuf à dix pouces de longueur et de six de largeur, bien tranchant et bien aiguisé. La partie supérieure est chargée d’un poids de plomb de soixante à quatre-vingt livres fortement attaché à la traverse ; on lève cette traverse meurtrière jusqu’à un pouce ou deux près de la traverse d’en haut, à laquelle on l’attache avec une petite corde ; l’exécuteur ne fait que couper cette petite corde et la coulisse tombant à plomb sur le cou du patient, le lui coupe net. »
Lorsque le docteur Guillotin proposa son « invention » à l’assemblée constituante, dont il était membre, on s’amusa beaucoup de la situation : un médecin qui proposait une machine propre à donner la mort ! Cependant on l’adopta.
Au commencement de la Révolution, les condamnés à mort devaient aller au supplice revêtus d’une robe rouge. En novembre 1793, Pierre Robert Robin, huissier à Boiscommun, et
Drouart, maître tailleur audit lieu, sont condamnés à mort par la cour criminelle d’Orléans, l’un pour avoir assassiné son neveu, afin d’être dispensé de lui rendre son compte de la tutelle, et l’autre pour avoir participé à ce meurtre dans l’espoir d’épouser la fille du premier. Ces deux misérables, exécutés sur la place de la République, furent, à Orléans, les premiers menés au supplice en robe rouge. Le coupable condamné à mort pour parricide était conduit sur le lieu de l’exécution en chemise, pieds nus, la tête couverte d’un voile noir. Avant 1832, les parricides avaient le poing coupé.
Pour Ted Bundy, voir aussi à la date du 7 juin 1977.
Voir à la date du 29 janvier (1947).
Sandy Fawkes,
Killing Time
, éditions Buchet/Chastel, 1979.
Pour en savoir plus sur Ed Kemper et ses meurtres, lire « L’ogre de Santa Cruz » dans mon ouvrage,
Le Livre noir des serial killers
, paru aux éditions Points en 2010.