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Authors: Druon,Maurice

Tags: #Historique

La Loi des mâles (41 page)

BOOK: La Loi des mâles
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À partir de 1946, il se consacre à
la littérature, sans toutefois cesser de s’intéresser aux affaires publiques.
Prix Concourt en 1948, pour
Les Grandes Familles
, puis Prix Prince
Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre après le succès des
Rois
maudits
, il est élu à quarante-huit ans, en 1966, à l’Académie française où
il succède à Georges Duhamel.

Sa fidélité à la morale gaulliste
l’amènera à assumer les fonctions de ministre des Affaires culturelles de 1973
à 1974, puis de député de Paris de 1978 à 1981, en même temps que celles de
représentant de la France au Conseil de l’Europe et de député au Parlement
européen.

Depuis novembre 1985, Maurice Druon
est Secrétaire perpétuel de l’Académie française, où son action soutient
l’essor de la Francophonie.

Il est également membre de
l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie d’Athènes et de l’Académie des
Sciences de Lisbonne.

 

 

[1]
C’est vers l’âge de soixante-quinze ans que le sénéchal de Joinville
entreprit son
Histoire de Saint Louis
, à la demande de la reine Jeanne
de Navarre, femme de Philippe le Bel, qui voulait avoir un livre des
« saintes paroles et des bons faits » du roi croisé.

La rédaction prit à Joinville une
dizaine d’années. La reine Jeanne étant morte dans l’intervalle, ce fut à son
fils, Louis de Navarre, futur Louis X Hutin, que l’auteur fit la dédicace
de son ouvrage « À son bon seigneur Louis, fils du Roy de France »,
et le lui présenta, comme en fait foi une miniature du temps.

[2]
Élu pape dans les étranges circonstances que l’on verra décrites au
cours de ce volume – et que nous avons romancées mais non point
inventées – Jacques Duèze (Jean XXII) devait vers le milieu de son
pontificat soutenir en divers sermons et études sa thèse sur la vision
béatifique.

[3]
Les principales étoffes de soie utilisées dans le vêtement
étaient : le
samit,
qui se rapprochait de notre satin, le sandal et
le camocas, assez semblables aux taffetas, et les draps d’or ou d’argent, lourds
brocarts à trame de soie.

Parmi les étoffes de laine, on
employait beaucoup les
marbrés
, draps tissés de diverses couleurs, les
rayés
,
le
camelin
, c’est-à-dire le tissu de poil de chameau ou ses imitations,
et surtout les
écarlates
. Ces derniers étaient les draps les plus riches
et les plus estimés dont on se parait dans les occasions solennelles. Les
meilleurs étaient fabriqués en Flandre et en Angleterre. La matière colorante
était fournie par le kermès, petit insecte qu’on trouvait dans le Languedoc et
qui se vendait desséché. Il y avait plusieurs nuances d’
écarlate
 :
vermeille, rosée, violette, sanguine.

[4]
La plupart des auteurs donnent le chiffre de vingt-trois cardinaux
pour le conclave de 1314-1316. Nous en avons relevé vingt-quatre.

Le parti
des « romains » comptait six Italiens : Jacques Colonna, Pierre
Colonna, Napoléon Orsini, François Caëtani, Jacques-Stefaneschi-Caëtani,
Nicolas Alberti (ou Albertini) de Prato ; un Angevin de Naples, Guillaume
de Longis, et enfin un Espagnol, Lucas de Flisco (appelé parfois Fieschi),
consanguin du roi d’Aragon. Ces cardinaux étaient de créations antérieures au
pontificat de Clément V et à l’installation de la papauté en
Avignon ; le chapeau leur avait été conféré entre 1278 et 1303, pendant
les règnes de Nicolas III, Nicolas IV, Célestin V,
Boniface VIII et Benoît XI.

Tous les
autres cardinaux avaient été créés par Clément V. Le parti dit
« provençal » comprenait : Guillaume de Mandagout, Bérenger
Frédol l’aîné, Bérenger Frédol le cadet, le Cadurcien Jacques Duèze et les
Normands Nicolas de Fréauville et Michel du Bec.

Enfin les Gascons, au nombre de dix,
étaient Arnaud de Pélagrue, Arnaud de Fougères, Arnaud Nouvel, Arnaud d’Auch,
Raymond-Guillaume de Farges, Bernard de Garves, Guillaume-Pierre Godin, Raymond
de Goth, Vital du Four et Guillaume Teste.

[5]
Jusqu’au milieu du XII
ème
siècle, la ville de Lyon était au
pouvoir des comtes de Forez et de Roannez, sous la souveraineté purement
nominale de l’empereur d’Allemagne.

À partir de 1173, l’empereur ayant
reconnu à l’archevêque de Lyon, primat des Gaules, des droits souverains, le
Lyonnais fut séparé du Forez, et le pouvoir ecclésiastique gouverna la ville,
avec droit de justice, de battre monnaie et de lever des troupes.

Ce régime déplut à la puissante
commune de Lyon, uniquement composée de bourgeois et de marchands, lesquels
pendant plus d’un siècle luttèrent pour s’émanciper. Après plusieurs révoltes
malheureuses, ils firent appel au roi Philippe le Bel qui, en 1292, prit Lyon
sous sa protection.

Vingt ans plus tard, le 10 avril
1312, un traité, conclu entre la commune, l’archevêché et le roi, réunit
définitivement Lyon au royaume de France.

En dépit des revendications de Jean
de Marigny, archevêque de Sens et qui contrôlait le diocèse de Paris,
l’archevêque de Lyon parvint à garder le primatiat des Gaules, seule
prérogative qui lui fût maintenue.

À la fin du Moyen Âge, Lyon comptait
24 taverniers, 32 barbiers, 48 tisserands, 56 couturiers, 44 poissonniers, 36
bouchers, épiciers et charcutiers, 57 escoffiers (chausseurs), 36 panetiers et
boulangers, 25 albergeurs, 15 orfèvres ou doriers, 20 drapiers, et 87
« notaires ».

La ville était administrée par la
« commune », constituée des bourgeois commerçants qui nommaient,
chaque 21 décembre, douze consuls, toujours notables et choisis parmi les
familles riches ; ce corps consulaire s’appelait le
« syndical ».

L’une des plus anciennes familles
consulaires était celle des Varay, drapiers et changeurs. Trente et un de ses
membres portèrent le titre de consul ; certains furent souvent réélus, et
l’un d’eux jusqu’à dix fois. On comptait huit Varay parmi les cinquante
citoyens que les Lyonnais se donnèrent pour chefs, en 1285, afin de mener la
lutte contre l’archevêque et d’obtenir l’annexion à la France.

[6]
L’Église romaine n’a jamais, comme ses adversaires l’ont souvent
prétendu, vendu d’absolution. Mais elle a, ce qui est tout différent, fait
payer aux coupables le prix des bulles qui leur étaient délivrées pour attester
qu’ils avaient reçu l’absolution de leur faute.

Ces bulles étaient nécessaires
lorsque, le délit ou le crime ayant été publics, il fallait fournir preuve
d’avoir été absous pour être de nouveau admis aux sacrements.

Le même principe était appliqué en
droit civil pour les lettres de grâce et de rémission accordées par le roi et
dont l’inscription aux registres donnait lieu à la perception d’une taxe. La
coutume en remontait aux Francs, avant même leur conversion au christianisme.

Jacques Duèze (Jean XXII), par
son livre des taxes et par l’institution de la Sainte Pénitencerie, devait
codifier et généraliser cet usage pour l’Église, dont il restaura de la sorte
les finances.

Les membres du clergé n’étaient pas
seuls astreints à ces bulles ; des taxes étaient également prévues pour
les laïcs. Les tarifs étaient calculés en « gros », monnaie qui
valait environ six livres.

Ainsi le parricide, le fratricide ou
le meurtre d’un parent, entre laïcs, étaient taxés entre cinq et sept gros, de
même que l’inceste, le viol d’une vierge, ou le vol d’objets sacrés. Le mari
qui avait battu sa femme ou l’avait fait avorter était astreint à verser six
gros, et sept si l’épouse avait eu les cheveux arrachés. La plus forte amende,
soit vingt-sept gros, frappait la falsification des lettres apostoliques,
c’est-à-dire de la signature du pape.

Les taux montèrent avec le temps,
parallèlement à la dévaluation de la monnaie.

Mais encore une fois, il ne
s’agissait pas de l’achat de l’absolution ; il s’agissait d’un droit
d’enregistrement pour la fourniture de preuves authentiques.

Les innombrables pamphlets consacrés
à cette question et qui circulèrent à partir de la Réforme, pour discréditer
l’Église romaine, se sont tous appuyés sur cette confusion volontaire.

[7]
Les
Frères Prêcheurs,
ou
Dominicains,
étaient également
appelés
Jacobins,
à cause de l’église Saint-Jacques qu’on leur avait
donnée, à Paris, et autour de laquelle ils avaient installé leur communauté.

Le couvent de Lyon où se tint le
conclave de 1316 avait été édifié en 1236 sur des terrains situés derrière la
maison des Templiers. L’ensemble du monastère s’étendait de l’actuelle place
des Jacobins jusqu’à la place Bellecour.

[8]
On oublie généralement le caractère primitivement électif de la
monarchie capétienne qui précéda son caractère héréditaire, ou tout au moins
coexista avec lui.

À la mort accidentelle du dernier
carolingien, Louis V le Fainéant, disparu à vingt ans après un règne de
quelques mois, Hugues Capet, duc de France et fils de Hugues le Grand, fut
désigné par élection.

Hugues Capet associa immédiatement
au trône son fils Robert II en le faisant élire comme successeur et sacrer
dans l’année même de son propre sacre. Il en fut ainsi pendant les règnes
suivants. Aussitôt le fils aîné du roi désigné comme héritier présomptif, les
pairs avaient à ratifier ce choix, et le nouvel élu était sacré du vivant de
son père.

Ce fut Philippe Auguste qui le
premier renonça à la tradition de l’élection préalable. Il montrait peu
d’estime pour les aptitudes de son fils, et sans doute n’était-il guère
désireux de l’associer au gouvernement. Louis VIII recueillit la couronne
de France à la mort de Philippe Auguste, le 14 juillet 1223, exactement comme
il eût recueilli l’héritage d’un fief. Ce fut ce 14 juillet-là que la monarchie
française devint véritablement héréditaire.

[9]
Les généalogies donnent souvent le prénom de Louis au fils de
Philippe V, né en juillet 1316. Or, dans les comptes de Geoffroy de
Fleury, argentier de Philippe le Long et qui commença la rédaction de ses
livres cette année-là en prenant ses fonctions le 12 juillet, l’enfant est
désigné sous le nom de Philippe.

D’autres généalogies mentionnent
deux fils dont l’un serait né en 1315, et donc aurait été conçu pendant que
Jeanne de Bourgogne était prisonnière à Dourdan ; ceci paraît bien
incroyable quand on sait les efforts que Mahaut déploya pour réconcilier sa
fille et son gendre. L’enfant qui fut le fruit de cette réconciliation reçut
probablement, et comme il était d’usage, au moins deux des prénoms
habituellement portés dans la famille.

[10]
La prise du pouvoir par Blanche de Castille n’alla pas d’ailleurs sans
difficultés. Bien que désignée par un acte du roi Louis VIII, son époux,
comme tutrice et régente, Blanche se heurta à une hostilité violente des grands
vassaux.

Bien est France abâtardie,

Seigneurs barons entendez,

Quand à femme on l’a baillie,

écrivit Hugues de la Ferté.

Mais Blanche de Castille était d’une
autre trempe que Clémence de Hongrie. En outre, elle était reine depuis dix ans
et avait donné le jour à douze enfants. Elle triompha des barons grâce à
l’appui du comte Thibaud de Champagne qu’on lui prêta pour amant.

[11]
On constate une frappante similitude entre la folie de Robert de
Clermont et celle de Charles VI, deux fois son arrière-neveu, à la
cinquième génération par les hommes et à la quatrième par les femmes.

Dans les deux cas, la démence débute
par un choc d’armes, avec traumatisme crânien chez Clermont, sans traumatisme
chez Charles VI, mais qui déclenche une manie furieuse chez l’un comme
chez l’autre : mêmes périodes de crises frénétiques suivies de longues rémissions
où le sujet reprenait un comportement en apparence normal ; même goût
obsessionnel des tournois qu’on ne pouvait les empêcher d’organiser et auxquels
ils paraissaient, bien que parfois en état de délire. Clermont, tout dément et
dangereux qu’il était, avait autorisation de chasser dans l’ensemble du domaine
royal. Il se présenta même à l’ost de Philippe le Bel, pendant l’une des
campagnes de Flandre, tout ainsi que Charles VI, fou depuis vingt ans,
assista au siège de Bourges et aux combats contre le duc de Berry.

[12]
Cris réglementaires qui marquaient le début du tournoi.

[13]
Les jouets et jeux d’enfants n’ont pratiquement pas varié depuis le
Moyen Âge jusqu’à nos jours. C’étaient déjà balles et ballons faits de cuir ou
d’étoffe, cerceaux, toupies, poupées, chevaux de bois et palets. On jouait à
colin-maillard, aux barres, à la courte-paille, à chat perché, à la main
chaude, à cache-cache et à saute-mouton, ainsi qu’aux marionnettes. Les petits
garçons, dans les familles riches, possédaient des imitations d’armements faits
à leurs mesures : heaumes de fer léger, robes de mailles, épées sans
tranchant, ancêtres des modernes panoplies de général ou de cow-boy.

[14]
La dernière fille d’Agnès de Bourgogne, Jeanne, mariée à Philippe de
Valois, futur Philippe VI, était boiteuse tout comme son cousin germain
Louis I
er
de Bourbon, fils de Robert de Clermont.

La boiterie existait également dans
la branche collatérale des Anjou, puisque le roi Charles II, grand-père de
Clémence de Hongrie, avait le surnom de
Boiteux
. Une tradition, reprise
d’ailleurs par Mistral dans les
Iles d’or
, veut que, lorsque
l’ambassadeur du roi de France, donc le comte de Bouville, vint demander
Clémence en mariage pour son maître, il exigea que la princesse se dévêtit
devant lui afin de s’assurer qu’elle avait les jambes droites.

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