Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Un Suédois de 29 ans, vampire et cannibale, avoue le meurtre de ses deux sœurs.
L
ennart Persson, un Suédois de 29 ans, est interpellé le 27 octobre 2005 pour le meurtre de ses deux sœurs de lait, à sept mois d’intervalle. Chacune a reçu plusieurs dizaines de coups de couteau. L’homme, qui vient juste d’être inculpé du double
meurtre, avoue avoir bu le sang de ses deux victimes (dans le but d’acquérir leur force) et avoir consommé des morceaux de chair découpés sur la poitrine de l’une d’elles – ce que les autopsies ont confirmé. Magnus Isaksson, avocat de la défense, déclare que son client plaidera la culpabilité, mais l’expertise psychiatrique réalisée à la fin de 2005 révèle qu’il souffre de graves troubles mentaux.
Lennart, jeune homme solitaire, avait pour habitude de se promener dans la rue avec un couteau dans la poche et de suivre des gens de près, imaginant qu’il allait les tuer. Il reconnaît les faits seulement lorsque les enquêteurs lui signifient, le 31 octobre, que les analyses ADN le mettent en cause dans les deux meurtres. Les faits se sont déroulés à Gävle, ville côtière située à une centaine de kilomètres au nord de Stockholm. Le quotidien
Aftonbladet
publie les détails de cette affaire qui, cela va sans dire, laisse le pays en état de choc.
Il ressort de l’interrogatoire mené par la police que Lennart, plongeur dans une cantine municipale, nourrissait des fantasmes obsédants de meurtre depuis plusieurs années ; ils sont devenus plus virulents au cours de la dernière année. Il s’est déclaré hanté par des démons qui lui auraient insufflé ces fantasmes. En février 2005, ils sont devenus si forts qu’il s’est rendu dans un magasin pour acheter un couteau de cuisine, un modèle de luxe à plus de 500 couronnes (plus de 50 euros). Son but était clair : il lui fallait tuer, « je devais faire quelque chose d’absolu ». Le matin du 30 mars, après une nuit blanche, il sent l’agressivité monter en lui : « Il fallait que je m’attaque à quelqu’un. » Il se rend alors, couteau en poche, chez sa sœur de 19 ans, Anna Norell. À peine franchi la porte de l’appartement il la poignarde, sans réfléchir, une quarantaine de fois : la scène dure environ vingt minutes. Son colocataire et petit ami Tommie Karim est dehors. Lorsqu’il entend des cris, il monte, aperçoit le meurtrier mais n’entre pas dans l’appartement – heureusement pour lui : « Sinon, je l’aurais certainement tué lui aussi, j’étais parti pour tuer, ça fonctionnait comme ça, j’étais une bombe suicidaire, un kamikaze, je n’avais pas la moindre idée de la façon dont je pouvais me sortir de cette situation. » Par chance aussi, le bébé de sa sœur a passé la nuit chez son grand-père. Avant de quitter les lieux, Lennart boit le sang de sa victime et découpe des morceaux de chair pour les manger. Il rentre chez lui en autobus,
couvert de sang, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Il fait même un crochet par la bibliothèque, sans difficulté, pour s’y laver les mains. Chez lui, il se débarrasse de ses vêtements ; il ne conserve qu’un morceau de sa veste pour pouvoir respirer l’odeur du sang. C’est Tommie, 20 ans, le petit ami de la victime, que la police interpelle et place en détention. Il reste emprisonné pendant deux mois, jusqu’au 27 mai, et fait figure de suspect pendant cinq autres, bien qu’une analyse ADN ait prouvé que le sang retrouvé sur place n’était pas le sien. Lennart assiste à l’enterrement de sa sœur. Il déclare avoir été très surpris par le calme qui l’habitait après ce premier meurtre : « Il était incroyablement facile de vivre avec. » Pourtant, il aimait bien sa sœur Anna.
Le 25 octobre, Lennart s’achète un nouveau couteau. Ses fantasmes de meurtres continuent de le hanter. Voici son récit de la journée où il a tué sa sœur de 34 ans, Camilla Lifvendahl. « Je marchais dans les rues de Skutskär, j’étais simplement à la recherche d’une personne que je pourrais tuer et dont je pourrais boire le sang. J’ai d’abord observé les enfants qui allaient à l’école, mais il y avait des adultes avec eux, et j’en étais content. Puis je me suis souvenu que ma sœur était seule, alors je me suis rendu à son domicile, j’ai frappé à la porte, elle était chez elle. Je ne peux pas l’expliquer correctement, c’était tellement irréel, je suis entré, elle était en train de faire la vaisselle, elle m’a demandé : “Alors comme ça, tu viens me rendre visite, subitement ?”. “Oui…”, j’ai répondu de façon évasive, tout en sortant le couteau que je cachais sous ma veste blanche. À ce moment-là je suis entré dans la cuisine et je l’ai poignardée, très froidement. » Il raconte les coups de couteau répétés, jusqu’à l’épuisement. Le médecin légiste relèvera une soixantaine de coups. « Après j’ai fouillé l’appartement pour trouver sa fille et la tuer. J’étais frustré qu’elle ne soit pas là. » C’est à ce moment qu’il a bu le sang de sa sœur. Il s’est aperçu qu’il s’était blessé à la main ; il l’a lavée. « J’étais planté là, à me dire : “Qu’est-ce que j’ai fichu ? C’est ma grande sœur, je la connais depuis dix-sept ans, qu’est-ce que j’ai fichu ?” Et puis soudain, il s’est mis à faire un froid glacial de nouveau. Je suis sorti, j’ai repris mon vélo et je suis rentré chez moi comme si rien ne s’était passé, et j’étais presque content. J’ai accompli ça, je me suis senti satisfait, j’ai eu du sang, les démons m’avaient quitté, tout allait bien de nouveau. »
L’enquête révélera par la suite qu’il avait un jour envoyé à sa sœur une lettre anonyme, à connotation sexuelle.
De retour chez lui il brûle ses vêtements. « À ce moment-là, je savais, la police allait venir me chercher, c’était fini, enfin, j’étais si heureux ce soir-là, incroyablement heureux, bien que j’aie assassiné ma sœur. C’était comme si cela ne s’était pas passé. » Il a été très déçu que la police ne vienne pas l’arrêter. « C’est là que les démons ont commencé à revenir. J’ai le sentiment que je vais m’en sortir, malgré ce meurtre, et que je vais être obligé de tuer encore plus de gens, et j’ai peur d’avoir des idées de meurtre dirigées contre ma propre famille. J’ai peur de me précipiter sur le monde pour poignarder à mort un enfant ou une femme qui passe par là avec son landau. La police ne fait rien. La police ne vient pas, elle ne m’arrêtera pas. Hors de moi, pour ne pas tuer quelqu’un, pour ne pas blesser d’enfant, j’essaie de me suicider. » Il avale du nettoyant ménager, vomit, puis tombe dans un état comateux. La police arrive, dans la soirée, il est conduit à l’hôpital. « Je sentais que c’était enfin terminé, ils ont fini par venir. »
Lennart a été un enfant « spécial », solitaire, il n’était jamais invité aux fêtes de ses camarades d’école, faisait l’objet de moqueries de leur part dès le premier jour de la rentrée, précise le journal
Aftonbladet
. Il faisait des bonhommes de neige noirs qu’il affublait de défenses en guise de dents. Mais tout son entourage a été surpris d’apprendre qu’il était devenu un meurtrier aussi « bestial ». À son domicile,– une cabane en bois de dix mètres, au fond du jardin de ses parents –, les enquêteurs n’ont rien trouvé qui pouvait laisser supposer de telles tendances. Il avait un poste de télévision, une étagère avec des disques (surtout de la country ; il rêvait d’aller à Nashville), une petite voiture et sa collection d’animaux en peluche. Il avait été adopté, ainsi que ses deux sœurs. La plus jeune avait été prise en charge à l’âge de 15 ans ; Lennart avait alors 9 ans. Elle avait fui la famille d’accueil deux ans plus tard.
Cette affaire est unique dans l’histoire de la criminalité suédoise : Lennart est le premier « vampire » reconnu. Les experts médicaux décrivent le meurtrier comme vraiment « particulier » et dangereux. Olle Lindquist, professeur de médecine légale, estime que Lennart s’est comporté comme un tueur en série. Ce qui l’étonne, c’est
qu’il ne soit jamais passé à l’acte auparavant. Il y a eu précédemment plusieurs cas de cannibalisme en Suède, mais aucun de vampirisme.
Ainsi, en 1969, à Karlstad, un ouvrier de l’industrie papetière a tué à coups de hache son amie enceinte, âgée de 23 ans. Il a consommé sa chair, sous forme de sandwichs. La police a trouvé des magazines pornos à tendance sadomasochiste dans son appartement ; l’homme faisait une fixation fétichiste sur les ongles longs. Il a été condamné pour meurtre mais interné en psychiatrie. Il est sorti de l’hôpital au bout de trois ans.
Un autre cas a défrayé la chronique, à Malmö en 1979 : un étudiant de 30 ans a reconnu avoir noyé et dépecé son amie de 28 ans. Il a fait une dizaine de repas avec sa chair. Il a été arrêté par la police pour le vol du téléviseur de sa mère… lors d’un contrôle de routine. Les policiers ont retrouvé dans son réfrigérateur plusieurs kilos de chair humaine décomposée, enveloppée dans des tissus. L’homme a été interné avant d’être remis en liberté ; il lui arrive d’être de nouveau hospitalisé de temps à autre.
Naissance de Dale Pierre.
A
vec son complice, William Andrews, Dale Pierre torture et massacre les employés et les clients d’un magasin d’hi-fi, à Ogden, dans l’Utah. Ils les obligent à boire de la soude caustique, une adolescente est violée, tandis que Dale Pierre enfonce un stylo à bille dans l’oreille d’un des otages. Les deux hommes tirent une balle dans la tête de chacune des victimes ; par miracle, deux personnes survivent et identifient les coupables. Dale Pierre est exécuté par injection létale le 28 août 1987.
Exécution d’un criminel chinois qui séquestre et tue des esclaves sexuelles dans sa cave.
L
a justice chinoise a procédé à l’exécution d’un homme qui a tué deux femmes sur les six qu’il séquestrait comme esclaves sexuelles dans une cave. Selon l’agence Chine nouvelle et le tribunal, les crimes de Li Hao, arrêté en septembre 2011, ont choqué la population chinoise, d’autant plus que les enlèvements de femmes sont un véritable fléau en Chine. Cet individu de 36 ans a été reconnu coupable de « meurtres, viols, séquestrations illégales, proxénétisme et vente d’articles pornographiques ».
En 2009, Li creuse un cachot de vingt mètres carrés sous la cave d’un immeuble dont il est le propriétaire à Luyoang, dans la province du Henan, au centre du pays. C’est là qu’il séquestre ses victimes, âgées de 16 à 23 ans, pour les soumettre à des viols répétés. Cinq des femmes sont des prostituées employées dans des bars à hôtesses ou des salons de massage, et la dernière vendait du matériel de contraception dans le cadre de la politique de contrôle des naissances. Le condamné a forcé trois des femmes à participer au meurtre des deux autres, l’une étant étranglée, la seconde battue à mort. Celle ayant pris part aux deux homicides a été condamnée à trois ans de réclusion, les autres bénéficiant d’un sursis.
Marié et père d’un fils, Li Hao a pu être arrêté grâce à la fuite d’une des prisonnières qui le dénonce à la police. On estime qu’il passait environ deux semaines par mois avec ses prisonnières, Li a raconté à sa femme qu’il avait un emploi de gardien de nuit.
Richard Chase
2
, le « Vampire de Sacramento », assassine Theresa Wallin.
R
ichard Chase manifeste très jeune les signes d’un comportement psychotique dangereux. Il est fasciné par le feu, il est cruel avec les animaux. Il naît en 1950 dans une famille aisée, mais le père, un ivrogne, se querelle sans cesse avec sa mère. Elle s’imagine que son mari tente de l’empoisonner. À 21 ans, Chase quitte ses parents et partage une maison avec des camarades de classe. Constamment drogué, il ne se lave jamais et se croit la victime d’un complot : il va jusqu’à clouer avec des planches la porte de sa chambre. Pour y entrer ou en sortir, il passe par un trou qu’il a creusé dans le fond de son placard. La police l’interpelle à plusieurs reprises. Il se rase la tête afin de mieux « surveiller un crâne qui change de forme et dont les os transpercent la peau », et il se rend à l’hôpital car « quelqu’un lui a volé son artère pulmonaire et interrompu sa circulation sanguine ». En 1976, il croit être la réincarnation d’un des membres du gang de Jesse James et il s’endort en plaçant des oranges autour de sa tête « afin que les vitamines C filtrent jusqu’à son cerveau ».
À cette époque, il pense que pour survivre il a besoin de sang frais. Il achète donc des lapins dont il boit le sang et avale crus les viscères. Il mélange quelquefois ces deux éléments en les broyant au mixer. Lors d’une de ses visites en avril 1976, son père le découvre très mal en point et l’emmène à l’hôpital : les médecins se rendent compte qu’il s’est injecté du sang de lapin dans les veines ! On l’interne à nouveau avec un diagnostic sans appel : « Paranoïaque schizophrène (…), considéré comme très dangereux. » Encore une fois, ses parents le font libérer et lui louent un nouvel appartement. En 1977, Richard Chase est convaincu que ses organes se déplacent à l’intérieur de son corps, que son cœur rapetisse à cause du manque de sang, que son estomac est en train de pourrir.
Il tue d’innombrables chiens et chats dont il mixe le sang et les viscères avec du Coca-Cola pour les boire en cocktail. En mai 1977, il tue le chat de sa mère et, devant celle-ci, se barbouille le visage avec le sang de l’animal. Chase se rend ensuite au Nevada où il est arrêté par un shérif parce qu’il se promène nu, le corps peint avec le sang d’une vache qu’il vient de mutiler. Le 29 décembre, en début de soirée, il prend sa voiture et tire à deux reprises sur un inconnu, qui décède.
Fasciné par des articles sur Kenneth Bianchi et Angelo Buono, les « Étrangleurs des collines », Chase se prépare à une nouvelle expédition meurtrière. Le 23 janvier 1978, il aperçoit une jeune femme de 22 ans qui pose un sac-poubelle devant son jardin, Theresa Wallin, enceinte de trois mois. Il la blesse de trois coups de feu tirés à bout portant. Pendant que sa victime agonise, Chase l’éventre et lui arrache les intestins qu’il étale par terre. Il lui poignarde le foie, découpe un poumon et le diaphragme, lui retire les reins qu’il va poser sur son lit. Pris de frénésie, il lui porte de nombreux coups de couteau et s’enduit le visage de son sang. Il se rend ensuite dans la cuisine où il prend un pot de yaourt pour mieux boire le sang de sa victime. Repu, il ajoute une touche finale à son crime en déféquant dans la bouche du cadavre. Chase se lave sommairement et quitte la maison des Wallin sans se faire remarquer.
Il tue quatre autres personnes dont deux enfants, avant d’être condamné à la peine de mort. Emprisonné depuis moins d’un an dans le célèbre pénitencier de San Quentin, il se suicide d’une overdose de médicaments le 26 décembre 1980.
Le personnage du « Vampire de Sacramento » inspira l’écrivain Maurice Dantec pour son roman
Les Racines du mal
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