Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Arrestation d’Herbert Mullin, un tueur en série de Santa Cruz, en Californie.
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arallèlement aux crimes d’Ed Kemper, un autre serial killer renommé, Herbert Mullin
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, sévit à Santa Cruz et dans les environs. Mullin, comme Kemper, a une mère ultra-possessive qui l’a éduqué selon les principes les plus stricts de la religion catholique. Physiquement, Herbert Mullin est presque l’opposé d’Ed Kemper. Petit, chétif, son chemin croise celui de « Big Ed » quand les deux hommes deviennent voisins de cellule.
Mullin ne manifeste aucun symptôme inquiétant pendant son enfance. Il réussit brillamment ses études tout en menant une carrière sportive. En 1964, à l’âge de 17 ans, il est élu « meilleur athlète » de son lycée. En juin 1965, la mort accidentelle de son meilleur ami assombrit la personnalité d’Herbert Mullin. Il transforme sa chambre à coucher en autel à la mémoire de son ami décédé et il avertit sa fiancée qu’il craint d’être homosexuel.
Fin 1969, son intérêt pour les religions orientales le fait décoller de la réalité, à tel point que ses parents l’envoient à l’hôpital. Son refus de coopérer oblige les psychiatres à le relâcher au bout de quelques semaines. Mullin prend sans arrêt du LSD, il entend des voix dont il suit aveuglément les commandements, il se rase la tête ou se brûle le pénis avec une cigarette. De retour à l’hôpital, il rédige des lettres délirantes à des inconnus, dont il trouve les noms dans l’annuaire, et signe ses diatribes par un « Herb Mullin, un sacrifice humain ». En septembre 1972, ses voix lui ordonnent de tuer.
Le 13 octobre 1972, Mullin assassine Lawrence White, un vieil homme SDF. Il lui fracasse le crâne à coups de batte de base-ball. Le 24 octobre, c’est au tour de la jeune étudiante Mary Guilfoyle de tomber sous les coups de couteau de Mullin. Comme Ed Kemper,
il l’éventre avant de jeter les restes près d’une route abandonnée : on ne les retrouve qu’en février de l’année suivante. Le 2 novembre 1972, il se confesse au père Tomei, qu’il poignarde dans l’église de St. Mary’s. Le mois suivant, il achète un pistolet et se met à la recherche de Jim Gianera, un dealer : Mullin le croit responsable d’un complot destiné à lui détruire le cerveau. Gianera a déménagé, et Kathy Francis, la nouvelle locataire, lui indique sa nouvelle adresse. Mullin s’y rend et tue le couple Gianera avant de revenir abattre Kathy Francis et ses deux enfants.
Alors qu’il se promène, le 6 février 1973, dans les collines des alentours de Santa Cruz, Herbert Mullin entend cette voix qui lui ordonne à nouveau de tuer. Il abat au pistolet quatre jeunes campeurs. Le 13 février, dans le centre de Santa Cruz, Mullin arrête sa voiture le long d’un trottoir et assassine Fred Perez qui travaillait dans son jardin. Des témoins ont pu noter la plaque d’immatriculation du véhicule et Mullin est arrêté quelques minutes plus tard par une patrouille. Lors de son procès, il reconnaît ses crimes et affirme que « les meurtres étaient nécessaires pour prévenir des tremblements de terre qui auraient détruit la Californie ».
En Afrique du Sud, un homme décapite son épouse à la hache et à la scie pour « devenir riche », le jour de la Saint-Valentin.
À
Mayfield, dans l’État de l’East Rand (Afrique du Sud), un homme tue son épouse à coups de couteau, avant de la décapiter avec une hache et une scie. Il est dénoncé à la police par son fils de 15 ans qui a assisté à la scène. La tête est retrouvée dans une baignoire. À l’arrière de la maison, un trou est creusé pour y enterrer le corps. Le père voulait emporter la tête dans le KwaZulu-Natal pour participer à un rituel de magie noire («
muti
») afin de devenir riche.
Un tueur en série avoue le meurtre d’au moins huit cents personnes à Ciudad Juárez.
L
e Mexicain Jesus Chavez Castillo, actuellement jugé aux États-Unis, avoue l’assassinat d’au moins huit cents personnes. Arrêté en 2010 dans la ville mexicaine de Ciudad Juárez, avant d’être livré aux États-Unis, Chavez Castillo a reconnu être membre de l’organisation criminelle « Barrio Azteca », dont le chef lui donne tous les jours un quota de personnes à tuer afin de semer la terreur parmi les forces de l’ordre et les civils. D’après la chaîne américaine Fox News, il est soupçonné du meurtre de plusieurs employés de l’ambassade américaine et de membres de leurs familles en mars 2010. À la fin de l’année 2010, Ciudad Juárez est reconnue comme la ville la plus criminelle du monde avec 3 100 personnes assassinées en une seule année.
Le « BTK Strangler » tue Vicki Wegerle à Wichita.
V
ingt-cinq ans après son dernier crime, le « BTK Strangler », qui a assassiné neuf personnes à Wichita, fait à nouveau parler de lui.
Le tueur en série a adressé une lettre au journal local
The Wichita Eagle
pour clamer la responsabilité d’un dixième meurtre survenu le 16 février 1986. Ce jour-là, Vicki Wegerle est étranglée à son domicile du 2404 West 13th Street. Le crime n’a jamais été résolu et ne figure pas sur la liste officielle des victimes de l’assassin. Afin de prouver la véracité de ses dires, le « BTK Strangler » (les initiales BTK signifient
Bind, torture and kill
– ligoter, torturer et tuer) a placé dans l’enveloppe une photocopie du permis de conduire de sa victime, ainsi que trois photos de son cadavre. Chacun des clichés montre Vicki Wegerle dans une posture légèrement différente. Le Wichita Police Department a confirmé l’authenticité des
photos car, à l’époque, leur service n’avait pris aucun cliché du corps sur la scène de crime, les secours ayant emmené la défunte aux urgences de l’hôpital sans attendre l’arrivée des techniciens de la police scientifique. Le courrier indique comme expéditeur « Bill Thomas Killman, 1600 Oldmanor ». Depuis 1979, le « BTK Strangler » n’avait plus jamais donné le moindre signe de vie.
La « carrière » de celui qui s’est lui-même nommé le « BTK Strangler » débute le 15 janvier 1974 avec quatre victimes de la même famille, les Otero au 803 North Edgemoor. Après chacun de ses sept premiers meurtres, le serial killer adresse des lettres aux médias locaux. Il coupe le téléphone avant de tuer et il emporte des souvenirs, tels qu’un permis de conduire ou des bijoux.
Le 4 avril 1974, c’est au tour de Kathryn Bright, 21 ans, d’être poignardée à trois reprises au 3217 East 13th Street. Ensuite, il y a une période de répit de trois ans, avant que les meurtres ne reprennent le 17 mars 1977 avec Shirley Vian, 24 ans, qui est ligotée et étranglée au 1311 South Hydraulic. La dernière victime connue avant l’arrestation de Dennis Rader, Nancy J. Fox, 25 ans, est ligotée et étranglée dans sa maison du 843 South Pershing, le 8 décembre 1977.
Le 28 avril 1979, le « BTK Strangler » attend une victime potentielle au 600 South Pinecrest, mais il se lasse et quitte les lieux, en laissant un mot indiquant ses intentions. À la fin des années 1980, l’ADN du sperme du tueur, récupéré au domicile de la famille Otero, a été analysé et comparé au fichier d’empreintes génétiques, mais le résultat s’est révélé négatif.
Le 25 février 2005, une enquête qui aura duré 41 ans s’achève par l’arrestation du « BTK Strangler », Dennis Rader, 60 ans, marié avec Paula et père de deux enfants majeurs.
Né le 9 mars 1945, il a trois frères et poursuit ses études au lycée de Heights High School jusqu’en 1963. Cet employé de la ville de Park City, où il vit depuis 1971, située à environ 10 km de Wichita, fréquente les bancs de Wichita State University avant d’en sortir diplômé en 1979. Vétéran de l’US Air Force (entre 1965
et 1969), chef scout et membre influent de la branche locale de l’église luthérienne, Rader vit avec sa famille dans une demeure située à l’intersection de l’I-135 et de 61st Street North, à quelques pâtés de maisons de sa belle-famille.
Pour le mettre sous les verrous, le Wichita Police Department et le Kansas Bureau of Investigation ont examiné près de 5 000 suspects et prélevé l’ADN de 4 000 personnes. C’est un piège tendu par les autorités, une petite annonce où ils indiquent au tueur qu’il peut leur écrire de manière anonyme en leur envoyant une disquette informatique, qui permet l’identification de Dennis Rader. Le meurtrier mord à l’appât et adresse une disquette aux policiers, croyant que celle-ci ne peut pas être tracée. Les spécialistes parviennent à identifier la provenance de l’ordinateur. Un prélèvement sanguin effectué auprès de Kerri, 26 ans, la fille du tueur, permet de découvrir un ADN à 90 % compatible avec celui prélevé sur plusieurs scènes de crimes des années 1970 et 1980 – il s’agit du sperme du BTK qui se masturbait après avoir étranglé ses victimes. Mis sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre, Dennis Rader est arrêté le vendredi 25 février, lors d’un banal contrôle routier et n’oppose aucune résistance.
Le 27 juin 2005, Dennis Rader plaide coupable pour dix homicides commis entre 1974 et 1991. Lors des interrogatoires avec les enquêteurs, Rader explique qu’il a été tiré de son silence par la parution d’un article du
Wichita Eagle
annonçant le trentième anniversaire du meurtre des membres de la famille Otero. Assoiffé de publicité, l’assassin s’ennuyait de son existence de « bon père de famille », surtout depuis que ses enfants majeurs avaient quitté le domicile familial. En 2004, il envisageait même de reprendre du service en tuant de nouvelles victimes.
Le 18 août 2005, la cour du comté de Sedgwick condamne Dennis Rader à dix peines de prison à perpétuité, assorties d’une peine incompressible de quarante ans.
Peter Bryan, un malade mental, tue, dépèce et dévore le corps de sa victime à Londres.
L
e 17 février 2004, à la suite de l’appel d’urgence d’un voisin qui a entendu des bruits suspects, les policiers se rendent dans un appartement situé au rez-de-chaussée de Manning House, dans le quartier de Walthamstow, à l’est de Londres. Le propriétaire, Brian Cherry, 43 ans, qui y habite depuis huit ans, a été littéralement démembré et dépecé. Les agents décrivent une « scène d’horreur » avec des « outils » éparpillés un peu partout et des murs couverts de sang du sol au plafond. Une jambe est coupée et le crâne a été ouvert. Mais le pire est encore à venir. Lorsque les policiers se rendent dans la cuisine, ils découvrent des morceaux de corps cuisinés et un bout de cervelle qui frit dans une poêle.
Le meurtrier de Brian Cherry est Peter Bryan, un malade mental de 34 ans, qui vient de quitter – le matin même – l’établissement psychiatrique de Newham dans lequel il a été volontairement admis. Des voisins ont indiqué que Brian Cherry était lui aussi un patient d’hôpital psychiatrique. L’homme vivait tranquillement dans l’appartement familial après les décès récents de sa mère et de son père.
En 1993, Peter Bryan a tué une adolescente et, déjà connu pour de nombreux problèmes psychiatriques, il a été enfermé à l’hôpital de haute sécurité de Rampton. À l’époque, Bryan est furieux contre son ancien patron à cause d’un problème d’argent. Il se rend à son domicile, et c’est une jeune adolescente qui lui ouvre la porte. Elle prend peur devant l’attitude de Bryan et lui ordonne de quitter les lieux. Pris d’une crise de fureur, Bryan se précipite sur elle pour la battre à mort.
Après son premier internement, Bryan est relâché et, incapable de trouver du travail, il sombre dans la drogue – cocaïne et héroïne, notamment – avant de décider de se faire hospitaliser au Newham
General Hospital pour de nouveaux problèmes psychiatriques. Il est libéré le mardi 17 février… pour tuer et démembrer sa nouvelle victime le soir même.
Nathalie Wolowij est brûlée vive à Ressaix dans le Hainaut, en Belgique.
N
athalie Wolowij est morte brûlée vive, dans le terrain vague jouxtant son domicile conjugal, dans la nuit du 18 au 19 février 1999, à Ressaix, au cœur des charbonnages du Hainaut. Le soir des faits, un voisin aperçoit de petites flammes sur le terrain situé à l’arrière de sa propriété, et le 19 au matin, une étudiante qui passait en voiture découvre au même endroit un foyer encore actif dont dépasse un bras. Elle croit tout d’abord qu’il s’agit d’un mannequin avant de se rendre compte qu’elle est en présence d’un corps calciné. Ce cadavre est identifié par Joël De B., le mari de Nathalie Wolowij, grâce aux bagues qu’il porte encore. Appréhendé par la police, il commence par expliquer que sa femme venait de se lever lorsqu’il est rentré du travail, le 18 février, et qu’elle semblait ivre. Voyant sa mère dans cet état, leur fils Grégory serait allé chercher sa grand-mère maternelle qui serait venue puis repartie. Joël De B. aurait alors regardé la télévision dans le salon pendant que son épouse se serait rendue dans la cuisine pour manger un morceau. C’est à ce moment-là qu’il l’aurait vue pour la dernière fois. Il serait ensuite allé se coucher sans se poser de questions.
La version fournie aux enquêteurs par le jeune Grégory diffère sensiblement de celle de son père. Le soir du 18 février, Joël De B. lui aurait annoncé que sa mère était ivre, alors qu’il avait réservé une table dans un restaurant pour y fêter leurs 18 ans de mariage. Ses parents se seraient en réalité âprement querellés dans la cuisine – son père avait été obligé d’annuler sa réservation. De B. aurait empoigné sa femme et l’aurait « secouée », Grégory tentant en vain de les séparer. Son père l’aurait projeté contre un mur et
aurait fait subir le même sort à Nathalie qui s’est alors effondrée par terre, inconsciente. Le fils aurait quitté la pièce, terrorisé, puis aurait vu son père transporter le corps de sa mère dans le jardin, depuis la fenêtre de la salle de bains.
Joël De B., un maçon de 39 ans à l’époque des faits, est passé aux aveux, expliquant qu’il avait traîné le corps jusqu’à un terrain vague, pris un bidon de mazout dans le garage et mis le feu à sa femme. Puis, il est retourné dans la maison – oubliant sa boîte d’allumettes derrière lui – où il a pris place devant le poste de télévision. Il a fini par monter se coucher.
Lors des interrogatoires, il a toujours nié avoir voulu tuer sa femme. Pour lui, il s’agissait d’un accident malheureux qui l’aurait fait paniquer ; il ne savait pas ce qu’il faisait. Puis il s’est rétracté, niant toute implication dans la mort de son épouse.
Nathalie Wolowij était entrée en dépression à la naissance de son fils, en 1983, et a été à plusieurs reprises hospitalisée en neuropsychiatrie à la suite de tentatives de suicide. Elle n’était pas seule à avoir un problème de boisson ; son mari aussi buvait.
Lors du procès, qui s’est ouvert le 3 mai 2004 devant la cour d’assises du Hainaut, Joël De B. a nié tout ce qu’il avait avoué quatre ans plus tôt. Il a néanmoins été condamné à une peine de dix-huit ans de réclusion.