Read La Bible du crime (NON FICTION) (French Edition) Online
Authors: Stéphane Bourgoin
Mort en prison de Stinie Morrison, accusé du meurtre de Leon Beron, à Clapham Common, le 1
er
janvier 1911. Sur le front de la victime est gravé un mystérieux « S ». Morrison a toujours clamé son innocence.
V
oici comment ce crime est mentionné dans l’article « Le mystère des sociétés secrètes », paru le 10 mai 1914 dans
Le Journal des voyages
, et relié à une longue suite de meurtres semblables :
« Sur le corps d’une femme assassinée à Londres dans le quartier réputé de Tabard Street, il y a peu de temps, on trouva le tatouage d’un curieux signe secret.
Sa forme était celle d’une demi-lune composée d’une série de points rapprochés et placés à intervalles réguliers.
Quel était le but du meurtrier ? Cela est difficile à deviner. Ceux cependant qui s’occupent des crimes savent parfaitement que de pareils faits ne sont pas aussi rares que le public pourrait le croire.
Il y eut, par exemple, le cas du juif Leon Beron, assassiné à Clapham Common, près de Londres, il y a environ trois ans, et pour le meurtre duquel un homme connu par la police sous le nom de Stinie Morrison encourut la peine de la réclusion à perpétuité.
Lors de l’enquête médicale, des témoins déclarèrent que la lettre “S”, ou des marques lui ressemblant beaucoup, avait été grossièrement coupée ou gravée sur la joue du mort. Ceci avait été fait avec la pointe d’un canif et on comptait quatre incisions bien distinctes.
Plus tard, on suggéra que ce devait être là le signe d’une société secrète et que le crime était une vengeance exercée sur un espion anarchiste.
Il existe, en tout cas, une curieuse coïncidence : le même signe, exactement, était employé pendant l’insurrection polonaise de 1864 par les “Stiletezski” (hommes au stylet) qui allaient de-ci de-là, assassinant tous les Polonais considérés comme suspects ou traîtres à la cause nationale. Et M. Morrison est en réalité un juif polonais, de son vrai nom Alexandre Petropavloff.
Comme pour le crime de Clapham Common, les hommes au
stylet polonais gravaient leur signe fatal sur le visage de leurs victimes avec la pointe de leurs poignards ; quelquefois cependant, il était marqué dans la chair au moyen d’un fer à cheval rougi au feu et grossièrement tordu en forme de “S”.
Un autre cas, quelque peu similaire, fut celui du meurtre d’un marchand de glaces napolitain qui fut trouvé poignardé dans un quartier italien de New York. Il portait au front une série de coupures d’une forme particulière ressemblant aux cinq doigts ouverts d’une main.
Ces signes furent tracés, établit l’enquête médicale, au moyen d’un rasoir ou d’une arme analogue préalablement plongée dans l’encre.
La police assura que c’était là le signe laissé sur ses victimes par la société secrète italienne “Camorra” (ou “Main Noire”). L’infortuné glacier fut très probablement mis à mort par les émissaires de cette terrible organisation qui l’auraient suivi à New York depuis Naples. Ajoutons que les meurtriers ne furent jamais découverts.
Il y a environ trente ans, un boulanger juif fut assassiné à Moscou ; le crime avait pour mobile la jalousie. Sur l’avant-bras de la victime, on découvrit un pointillé fait à l’aide d’une brochette ou d’un instrument semblable et formant le mot “
rache
”.
Le mot “
rache
”, en allemand, signifie vengeance. Ceci était un précieux indice pour la police et, de fait, l’identité du meurtrier fut bientôt connue ; faute de preuves, cependant, on ne l’arrêta pas. La tragédie fit grand bruit en Russie et, quelque temps après, fut utilisée par un romancier qui en composa la trame d’une histoire de détectives.
Voici un autre cas et ce n’est pas le moins remarquable. C’est celui du mécréant Joseph Philippe, guillotiné à Paris pendant l’été de 1886, et qui fut, en France, le prédécesseur du célèbre Anglais Jack l’Éventreur.
Ses victimes – il n’y en eut pas moins de sept – étaient toutes choisies parmi les femmes de classe défavorisée et sur chacun des corps la police trouva une devise ou un rébus comportant les mots “une mauvaise”, sous lesquels étaient tracés une étoile et le mot “née”, le tout signifiant : “Née sous une mauvaise étoile”.
Parfois les mots et le dessin étaient grossièrement tatoués sur la peau de la morte ; quelquefois, le tout était tracé avec le propre sang de la victime. Mais, sous une forme ou une autre, le signe était bien là au complet.
Le plus extraordinaire détail de cette étrange affaire ne fut découvert qu’après l’arrestation de Philippe. On sut alors que la même devise était tatouée sur les bras du meurtrier ; il semble donc que ce misérable voulait, en imprimant ce signe sur le corps de ses victimes, jeter un défi à la police.
Si telle était vraiment son intention, il fut mal avisé, car ce signe causa son arrestation. Le tatouage fut remarqué par l’œil perçant d’un jeune homme qui, malgré sa terrible frayeur, put informer un agent de ce qu’il venait de voir. »
Décès du gangster Al Capone, à l’âge de 48 ans, dans sa maison de Floride où il s’est retiré à sa sortie de prison pour fraude fiscale le 16 novembre 1939.
Découverte du corps de Deborah Kline grâce à l’intervention de la voyante Dorothy Allison.
L
es agents du FBI qui utilisent les profils psychologiques pour traquer les tueurs en série semblent parfois posséder des dons surnaturels, mais l’histoire criminelle regorge de nombreux exemples où la parapsychologie, l’hypnose ou la voyance jouent un très grand rôle dans la résolution d’un crime. Le problème, dans ce genre d’affaires, est souvent de faire la part de la vérité et de se montrer objectif en analysant ces récits.
Plusieurs voyants ont été conviés à des conférences à l’Académie Nationale du FBI, à Quantico, en Virginie. Mieux encore, en 1987,
lors d’un procès en diffamation intenté par Noreen Renier, deux agents du FBI témoignent en sa faveur. Selon Robert K. Ressler, auteur de
Chasseurs de tueurs
3
, Renier aurait aidé à diverses reprises leurs services, prédisant, par exemple, la tentative d’assassinat de Ronald Reagan en janvier 1981, lors d’une conférence à l’Académie du FBI – soit plusieurs mois avant l’attentat. L’agent spécial Bayback ajoute que Noreen Renier aurait également « découvert » un avion accidenté que les polices locales et fédérales ne parvenaient pas à localiser dans une contrée très difficile d’accès.
Les superstars de cette confrérie ont pour nom Kathlyn Rea, Nancy Czetli, Doris Stokes et Dorothy Allison. Née en 1925, Dorothy Allison, originaire de Nutley, dans le New Jersey, est considérée comme la plus crédible de tous les voyants psychiques américains. Ses visions de paysages qui abritent des corps non retrouvés sont devenues, selon
Newsweek
, « des visions d’une terrifiante réalité ».
Dans les années 1970 à 1980, M
me
Allison est consultée plus d’une centaine de fois par la police et, selon ses dires, elle aurait aidé à résoudre treize meurtres et retrouvé plus de cinquante personnes disparues. De nombreux services de police ont reconnu – certes du bout des lèvres – ses capacités.
En septembre 1977, à un jour d’intervalle, elle « retrouve » deux corps dans des États différents. Elle indique une région marécageuse du New Jersey, où se situe le cadavre de Ronald Stica et mentionne qu’il a été poignardé. Le jour précédent, il s’agissait de Susan Jacobson, 14 ans, qui avait disparu depuis deux ans : elle situe son corps dans un port de plaisance abandonné de Staten Island. Elle voit même les lettres M, A et R sur les lieux. Lorsque les policiers se rendent sur place, Susan Jacobson est enfouie près d’un rocher où on a peint en blanc les lettres M, A et R.
Mais le cas le plus étonnant commence le 22 juillet 1976, vers 18 heures 30. Deborah Sue Kline, une infirmière, quitte son service de l’hôpital de Waynesboro, en Pennsylvanie, pour monter à bord
de sa voiture et rentrer chez elle. Elle n’y arrivera jamais. La police enquête pendant des mois, sans le moindre résultat. Jane Kline, la mère de la disparue, décide alors de contacter Dorothy Allison. Lorsque celle-ci se rend sur place, M
me
Kline demande si sa fille est toujours vivante. À la fin de la journée, Dorothy lui répond qu’elle est morte. La voyante enfile une bague de Deborah et accompagne la police et des amis de la disparue sur divers lieux qu’elle avait l’habitude de fréquenter.
Au bout de quelques jours, elle est capable de reconstituer le crime. Elle voit Deborah se faire suivre par deux voitures, une jaune et une noire, qui l’obligent à s’arrêter. Elle est violentée et emmenée à un autre endroit, où on la tue d’un coup de couteau. « Je vois des traces de jaune, une décharge publique, des maisons brûlées et une piscine. Ainsi que son squelette. Il n’est pas enterré. Le mot “ligne” ou “lion” m’est venu à l’esprit », explique Dorothy Allison.
Le 26 janvier 1977, trois jours après le départ de M
me
Allison, la police trouve le corps de Deborah Kline. Il n’est pas recouvert et a été déposé près d’une décharge. Il n’y a pas de « maisons brûlées », mais l’endroit se situe à côté de Fannettsburg-Burnt Cabins Road (
burnt
signifie brûlé). La route qui mène à ce lieu comporte des panneaux de signalisation jaunes. Près du cadavre, il y a une piscine abandonnée en plastique. Il n’y a pas de « lion », mais à cinquante mètres de là, passe la « ligne » qui sépare les comtés de Franklin et d’Huntington. Et Deborah Kline a bien été poignardée.
La police interroge un suspect qui se trouve déjà emprisonné pour un autre viol. Richard Lee Dodson avoue et conduit la police sur les lieux de la décharge, où il a abandonné le corps. Avec son complice, Ronald Henninger, il est inculpé du meurtre. Un journaliste local raconte, dans un article qui précède la découverte des coupables, que Dorothy Allison lui a indiqué que les assassins se prénomment Richard et Ronald. La police locale reconnaît l’apport capital du médium dans la résolution de l’affaire.
Arrêté pour avoir frappé sa femme, l’accusé affirme que « c’est l’œuvre d’un fantôme ».
U
n homme arrêté par la police pour violences conjugales a essayé de se disculper en déclarant que les blessures infligées à son épouse étaient l’œuvre d’un fantôme. La police a retrouvé la victime au domicile du couple dans le Wisconsin, saignant du nez et blessée à la lèvre. Elle arbore des traces de strangulation et pleure à chaudes larmes. Une violente dispute au sujet de la vente forcée de leur maison a éclaté un peu plus tôt. Michael West, 41 ans, est en état d’ébriété. Il a été remis en liberté contre une caution de 1 000 dollars. Il doit maintenant rester sobre jusqu’à sa convocation au tribunal.
Pendaison publique à Édimbourg du célèbre profanateur de sépultures William Burke. Son complice, William Hare, échappe à la peine capitale, car il a accepté de témoigner contre son acolyte.
Le « Vengeur du Dahlia Noir » envoie un courrier mystérieux à la presse de Los Angeles où il annonce sa volonté de se rendre aux autorités.
L
’assassinat d’Elizabeth Short le 15 janvier 1947 demeure un cas légendaire dans les annales du crime américain, un peu à l’image de ce qu’ont été Jack l’Éventreur en Angleterre ou Landru pour la France. Pourquoi cette fascination ? D’abord parce
qu’il n’a toujours pas été officiellement résolu et qu’il touche à une corde sensible du mythe américain : Hollywood. Plus que nul autre crime aux États-Unis, le meurtre du Dahlia Noir a engendré pas moins de 400 confessions ! Il y a deux ans encore, plusieurs quotidiens annonçaient à leur une que le crime était finalement élucidé. Fausse alerte, car il s’agissait, encore une fois, d’un mythomane qui accusait son paternel d’être l’assassin.
Elizabeth Short incarne à merveille l’archétype de ces jeunes filles qui envahissaient Los Angeles par trains entiers : issue d’une famille brisée, malheureuse en amour, elle rêvait d’une carrière hollywoodienne. Pour y parvenir, elle s’était forgé un gimmick. Elle s’habillait toujours en noir, en arborant un dahlia de la même couleur.
C’est le mercredi 15 janvier 1947 que M
me
Betty Bersinger découvre le corps d’Elizabeth Short vers 10 heures 35 sur un terrain vague de South Norton Avenue, à Los Angeles. M
me
Bersinger téléphone à la police, ce sont les officiers W.E. Fitzgerald et F.S. Perkins qui trouvent le cadavre dénudé et coupé en deux à hauteur de la taille. La mutilation a été effectuée avec une précision de maniaque puisqu’aucun organe n’est endommagé, ce qui contraste avec le reste des blessures. La tête est défigurée, le crâne fracassé laisse apparaître des fragments d’os et de cervelle. Les lèvres sont coupées d’un coup de couteau, traçant un hideux « sourire ». Tous les membres sont lavés, au point qu’aucune trace de sang n’est visible sur le cadavre, pas plus qu’aucun liquide organique.
Mais le plus horrible est encore à venir avec le rapport des médecins légistes. Celui-ci indique que la très grande majorité des blessures ont été infligées du vivant de la victime. D’autre part, les traces des cordes sur les membres et les hématomes constatés sur la mâchoire prouvent qu’Elizabeth Short a été suspendue par les pieds et bâillonnée pendant que son bourreau la torturait en prenant son temps,– la mort est survenue entre 20 heures 45 le mardi 14 janvier et 2 heures 45 le matin du 15.
Le capitaine Jack A. Donahoe de la brigade des homicides de Los Angeles confie l’affaire aux bons soins de deux de ses
meilleurs hommes, les sergents Harry « Red » Hansen et Finis Arthur Brown, qui s’adjoignent l’aide des légistes Ray Pinker et Lee Jones du Laboratoire scientifique de la police. Le cadavre est identifié quelques jours plus tard par ses empreintes fichées au FBI : il s’agit d’Elizabeth Ann Short, née le 29 juillet 1924 à Boston, dans le Massachusetts. Petit à petit, l’emploi du temps des derniers jours d’Elizabeth Short parvient à être reconstitué grâce à de nombreux témoignages :
– Le 11 janvier, en fin d’après-midi, C.G. Williams, barman au
Dugout
, au 634 South Main Street, la voit se disputer avec un marin et une jeune femme blonde. Un chauffeur de taxi raconte que le Dahlia Noir et une « grande blonde » ont pris son taxi un peu plus tard.
– Le 12 janvier, au matin, le propriétaire d’un hôtel au 300 East Washington Boulevard affirme avoir enregistré un couple dans son établissement. La femme est Elizabeth Short et il ne la revoit plus. Le client s’absente quelques jours pour revenir le 15 janvier (jour de la découverte du corps). Le propriétaire lui dit : « On pensait que vous étiez mort. » L’homme prend peur et quitte l’hôtel.
Le même jour, en soirée, on l’aperçoit au
Gay Way
, un bar fréquenté par les lesbiennes, puis dans un autre bar, au 6818 Hollywood Boulevard, en compagnie de deux jeunes femmes blondes.
– Le 13 janvier, le même chauffeur de taxi aperçoit à nouveau Elizabeth Short et la « grande blonde » dans une Ford de 1937 au coin d’Hollywood Boulevard et de Highland Avenue. Il leur parle brièvement, mais la blonde semble furieuse que le Dahlia Noir discute avec lui.
– Le 14 janvier, vers 10 heures du matin, Jack Fleming, un épicier, la voit passer plusieurs coups de fil, tandis qu’un homme semble l’épier en tentant de se cacher. Fleming pense se souvenir que l’inconnu a les cheveux roux. Vers 18 heures, plusieurs serveuses du
Pacific Highway
, à San Diego, reconnaissent Elizabeth Short. Elle se trouve accompagnée d’un rouquin d’un mètre quatre-vingt environ.
Cet homme aux cheveux roux commence à prendre de l’importance et cela d’autant plus qu’un coiffeur et ami du Dahlia Noir, Alex Constance, ajoute une note sinistre au mystérieux personnage.
En effet, Elizabeth lui confie qu’elle a peur de cet homme et n’accepte de sortir avec lui que parce qu’elle craint de lui dire non. Le 20 janvier, le mystérieux rouquin est finalement identifié en la personne de Robert « Red » Manley, un ex-saxophoniste de l’armée de l’Air qui demeure au 8010 Mountain View Avenue, South Gate. Âgé de 25 ans, Manley avait passé quelque temps dans un hôpital psychiatrique militaire, avant de retourner à la vie civile. Marié à une jeune femme de 22 ans, son union bat de l’aile. Après avoir d’abord nié connaître Elizabeth, Manley change son récit : il a effectivement pris en voiture la jeune femme à San Diego, le 8 janvier, et passé la nuit avec elle. Mais il ne l’a plus revue depuis.
Interrogé à de nombreuses reprises, Robert Manley est finalement relâché par la police après avoir subi un test au détecteur de mensonges. Mais, d’après Ray Pinker, un spécialiste de ce genre d’appareil, le test ne peut pas être jugé à sa juste valeur, car le suspect s’endort constamment entre les diverses questions. Quelque sept ans plus tard, Manley est incarcéré dans un asile psychiatrique sur la demande de sa femme. D’après elle, il entend des bruits, écrit des lettres étranges et souffre d’un sentiment de culpabilité. Le diagnostic est sans appel : paranoïde schizophrène. La police l’interroge à nouveau, en 1954, avant d’abandonner encore une fois sa piste.
Le 21 janvier 1947, six jours après la découverte du corps, James H. Richardson, rédacteur en chef du
Los Angeles Examiner
, reçoit un étrange coup de fil. Il décrit la voix comme douce et suave. Le correspondant inconnu se met à décrire de manière très détaillée les atrocités commises sur le Dahlia Noir, dont la plupart n’ont pas été révélées par la police. La voix poursuit : « Je l’ai tuée. Je vais me rendre, mais je veux voir les flics me poursuivre encore un peu. Vous pouvez vous attendre à recevoir des souvenirs de Beth par le courrier. »
Trois jours après, une enveloppe non scellée contenant un reçu au nom de Beth Short, sa carte de sécurité sociale, six photos, une lettre, une coupure de journal, un peigne et un carnet d’adresses, dont une page a été arrachée, est transmise aux policiers. L’enveloppe
dégage une forte odeur d’essence. Le 27 janvier, un journal de Los Angeles reçoit une autre missive annonçant : « Ça y est. Je me rends le 29 janvier, à 10 heures du matin. Me suis bien amusé avec la police. Le Vengeur du Dahlia Noir. »
Le jour promis s’écoule sans que quiconque ne se rende. Puis, on apporte une enveloppe marquée au nom du capitaine Donahoe. Le message indique : « Ai changé d’avis. Vous m’auriez pas laissé ma chance. Le meurtre du Dahlia était justifié. »
Le mystérieux correspondant ne donne plus signe de vie et avec lui s’évanouissent les seules pistes sérieuses de la police. Dans les quatre mois qui suivent l’assassinat du Dahlia Noir, six autres femmes sont tuées de manière sadique en Californie, à Los Angeles et dans la région de Fresno. Pendant quelque temps, les journaux proclament qu’un tueur en série est à l’œuvre, mais aucune similitude notable n’est trouvée entre ces divers crimes, dont certains seront élucidés. Le sergent Harvey Hansen continue à s’occuper de l’affaire jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite, en 1971. Pour lui : « L’assassin n’était pas quelqu’un que la police avait interrogé au cours de son enquête. Jamais nous n’avons sous-estimé ce type. »
En tout cas, le meurtre du Dahlia Noir a fasciné bon nombre d’écrivains, dont les plus notables sont James Ellroy (
Le Dahlia Noir
), John Gregory Dunne (
Sanglantes Confessions
) ou Pierre Lemaître (
Travail soigné
). Un autre auteur de romans policiers, Craig Rice, avance l’hypothèse suivante en 1952 : « Qui a tué le Dahlia Noir ? Je l’ignore, mais je pense avoir fait d’intéressantes déductions. Tout le monde sait que le corps d’Elizabeth Short a été coupé en deux à hauteur de la taille, mais ce que tout le monde ignore c’est l’ampleur de la précision de ce travail, qui est visiblement l’œuvre d’un professionnel.
Elizabeth Short ne mesurait qu’un mètre cinquante-cinq et pesait dans les cinquante kilos. Pourquoi couper le corps en deux ? Pour mieux pouvoir le transporter ?
Si l’assassin était un homme, il n’aurait eu aucune difficulté à transporter le corps. Mais supposons qu’il soit un homme de petite taille, un infirme… ou une femme ?
Il paraît vraisemblable que ce tueur fou ait été docteur, infirmier, croque-mort ou employé chez un entrepreneur de pompes funèbres.
Sur ces quatre hypothèses, je penche plutôt pour les deux dernières. Et voilà mes raisons. Le cabinet d’un médecin ou même un hôpital privé ne sont pas des endroits très commodes pour mutiler une jeune femme et couper son cadavre en deux. Des malades, des infirmières peuvent surgir à tout moment. Alors que le bureau d’un entrepreneur de pompes funèbres offre beaucoup d’intimité.
Je crois que quelqu’un travaillant chez un croque-mort a torturé et tué le Dahlia Noir
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