Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition) (34 page)

BOOK: Réplique (Les enquêtes de Lizzy Gardner t. 1) (French Edition)
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— Quelle est l’origine de cette odeur,
Karen ?

— Cynthia. J’imagine qu’il a tué sa femme, mais j’ignore où il a mis le
corps.

Elle le suivit de pièce en pièce, tandis qu’il fouillait sous les lits et dans les placards. L’odeur était plus forte au bout du couloir. Il leva les yeux et aperçut le contour d’une trappe qui menait au grenier. Il comprit alors avec certitude où le corps de Cynthia avait été
caché.

 

 

Mardi 23 février 2010, 2 h
 14

 

— Lizzy ! Laisse-moi
entrer !

C’était le moment, maintenant ou
jamais.

Le cœur de Lizzy cognait à se rompre contre ses côtes. Le temps pressait. Si elle voulait s’échapper, elle devait le faire
maintenant.

Elle bondit du bord de la baignoire jusqu’à l’encadrement de la fenêtre. Le saut n’était pas aisé. Elle était petite, frêle et affaiblie, mais elle y était arrivée. Ses bras lui brûlaient, ses jambes fouettaient l’air et ses pieds poussaient, glissant et dérapant contre les carreaux du mur, comme elle essayait de faire passer son corps à travers la fenêtre si ridiculement
étroite.

On secouait la porte. Non. Pas encore. Il cherchait à
entrer.

Son cœur palpitait dans sa poitrine. Elle n’allait jamais y arriver. Les coups contre la porte retentissaient de plus en plus fort. À mi-chemin à travers la fenêtre, elle y était presque. Quelque chose sonnait, mais
quoi ?

Lizzy se réveilla en sursaut. Il lui fallut un moment pour retrouver son téléphone portable sous les couvertures. Elle ouvrit le clapet. Elle s’était endormie dans le lit de Brittany. Des résidus de son rêve s’accrochaient à son esprit embrumé alors qu’elle portait le téléphone à son
oreille.

— Nous avons trouvé sa maison, Lizzy. La maison qui appartient à Samuel
Jones.

— Merci, mon
Dieu !

— Apparemment, il était marié. Il a tué sa femme, d’un coup de couteau en plein cœur, et l’a laissé pourrir dans le grenier. Je me trouve chez lui en ce
moment.

— Des nouvelles de Hayley et de Brittany ? Elles sont
là ?

— Je suis désolé, Lizzy. Il n’y a personne d’autre ici, et nous n’avons pas pu associer Samuel Jones à un lieu de travail ni à aucune autre adresse. Je m’en occupe, lui dit Jared. Je dois y aller. Je t’appellerai quand j’aurai terminé avec la
maison.

Lizzy raccrocha. Elle devait faire quelque chose. Elle s’était endormie tout habillée. Elle attrapa son manteau sur la chaise devant le bureau de Brittany. Son téléphone vibrait, elle venait de recevoir un texto : « Retrouve-moi à l’angle de Granite et Third Street dans dix minutes. Pas de voiture. Personne ne doit savoir que tu as quitté la maison. Viens seule, sinon ta nièce est morte. »

Spiderman lui avait envoyé un
texto
.

Est-ce que Third Street était loin de la maison de sa sœur ? Lizzy se dirigea vers la fenêtre. Deux voitures banalisées étaient garées juste devant. Elle s’empara d’un crayon et d’une feuille de papier et gribouilla un bref message. Le temps pressait. Elle descendit les escaliers à pas de loup. Il y avait quelqu’un dans la cuisine. Elle atteignit la porte de derrière en moins de deux minutes. Plus que huit
minutes.

CHAPITRE 36

Mardi 23 février 2010, 2 h
 27

 

Lizzy était à l’angle de Third Street, les mains posées sur les genoux tandis qu’elle reprenait son souffle. À travers le brouillard, elle distingua des phares qui se rapprochaient. Elle ne voyait pas la couleur ni la marque de la voiture, mais elle savait que c’était lui. Il arrêta le véhicule devant elle. Sans hésiter, elle ouvrit la portière et elle monta à l’intérieur. Elle ne reculerait devant rien pour sauver sa nièce, et il en était
conscient.

— Ça faisait longtemps,
Lizzy.

— Pas assez à mon
goût.

Elle jeta un œil sur la banquette arrière. Il n’y avait
personne.

— Où est
Brittany ?

— Patience, ma chère. D’abord, nous allons faire une petite promenade… pour nous assurer de ne pas être
suivis.

— Personne ne m’a vue
partir.

— Laisse-moi en
juger.

Il maintenait le 4x4 à une vitesse constante de cinquante-cinq kilomètres
heure.

Elle sortit subitement un pistolet, enleva le cran de sûreté et posa le doigt sur la gâchette. Puis elle braqua le canon sur sa
tête.

Il
sourit.

— Donne-moi ton arme, Lizzy, ou tu ne reverras plus jamais
Brittany.

— Tu vas me conduire jusqu’à elle et je
vais…

Il donna un brusque coup de volant sur la droite, et Lizzy fut projetée contre lui. Il enfonça alors la pédale de frein et, d’un geste fluide, s’empara du
pistolet.

Bon sang, que venait-il de se produire ? Il posa sur elle le regard d’un père sur son enfant récalcitrant et
dit :

— Attache ta ceinture,
Lizzy.

— Si tu lui as fait du mal, je te
tuerai.

Il sourit. À l’exception d’un bref instant, quatorze ans plus tôt, c’était la première fois ce soir que Lizzy le voyait sans déguisement. Pas de barbe, pas de perruque, pas de
masque.

— Sam Jones, dit-elle, furieuse contre elle-même d’avoir été aussi
stupide.

Elle avait perdu son occasion de prendre le contrôle. Elle aurait dû lui tirer dessus dès l’instant où il avait ouvert la portière, mais que se serait-il passé ensuite ? Elle n’aurait pas été plus avancée pour retrouver Brittany. Ils connaissaient son nom, mais ils n’avaient pas la moindre idée de l’endroit où il avait emprisonné les
filles.

Il éclata de rire, comme si Sam Jones ne lui évoquait rien, comme si ce nom le
dégoûtait.

— Les parents de Shannon Winter avaient raison. Tu as tué leur fille, n’est-ce
pas ?

— Je n’ai rien fait de tel. Cette imbécile s’est étouffée avec son bonbon préféré. Ce n’est pas de ma
faute.

— Mais tu l’as regardée mourir. Comment as-tu pu rester là, à regarder mourir quelqu’un que tu
aimais ?

— Je ne l’aimais
pas.

— Bien sûr que
si.

Il se
crispa.

— Tu étais fou amoureux d’elle, mais pour une obscure raison, tu es resté sans rien faire, à la regarder mourir alors que tu aurais pu lui sauver la vie. Que s’est-il
passé ?

— Quand Shannon est morte, dit-il, au moment où son visage a viré au rouge bleuté, le seul visage que j’avais devant les yeux était celui de
Trish.

Il
soupira.

— Non, ce n’est pas entièrement vrai. J’ai aussi vu le visage de Julia, et ceux de Lisa et
Karen.

— Des petites
amies ?

— Ma sœur et ses copines, dit-il sans la moindre
émotion.

— Pourquoi les haïssais-tu
autant ?

— Disons simplement qu’elles méritaient de mourir. Elles devaient
mourir.

— Tu les as toutes
tuées ?

— Pas toutes. Et ma sœur non plus. Elle était trop loin, alors j’ai dû lui envoyer des coupures de presse pour lui annoncer que ses copines étaient toutes en train de mourir les unes après les autres, qu’elles tombaient comme des mouches autour de
moi.

— Personne ne mérite de
mourir.

— Fais-moi confiance, Lizzy. Chacune de ces filles méritait ce qui lui est
arrivé.

Le silence retomba pendant un moment. Il remuait la tête comme pour essayer de chasser les images qui lui traversaient l’esprit.

— On n’a pas le droit de faire ces choses à un gamin de dix
ans.

— Que t’ont-elles fait,
Sam ?

— Je ne veux plus en
parler.

— Qu’as-tu vu dans leurs yeux qui t’a poussé à commettre toutes ces
choses ?

— Disons juste que je n’appréciais pas la manière dont elles me regardaient. Je mérite le respect. En fait, je l’exige.

Quelques minutes plus tard, il sortit de l’autoroute.

Elle reconnut le quartier. Ils n’étaient pas loin de chez les Walker, la villa qu’elle avait confondue avec la maison des
supplices.

— Parler, ça
aide.

Il sourit en appuyant sur la télécommande à côté de lui, comme s’il savait qu’elle allait essayer de le déstabiliser en engageant la conversation. Ils n’étaient pas allés loin, mais ils pénétraient déjà dans un garage. Elle tendit la main vers la poignée de la portière et la secoua avant de réaliser qu’il l’avait verrouillée de l’intérieur. La porte du garage se referma derrière eux. Il coupa le moteur et, alors qu’elle se demandait quelle stratégie adopter, il lui enfonça une aiguille dans le
bras.

 

 

Mardi 23 février 2010, 4 h
 16

 

À peine Cathy Warner avait-elle appelé Jared, lui annonçant que Lizzy avait disparu, qu’il quitta la scène de crime d’Auburn. Samuel Jones était leur homme, et pourtant on aurait dit que cet individu n’existait pas. Les informations de son permis de conduire avaient été saisies dans toutes les bases de données existantes, mais son nom n’était associé à rien. Karen Crowley leur avait assuré que son frère travaillait dans le domaine médical, mais les registres de l’État ne révélaient aucune licence au nom de Samuel Jones, ce qui signifiait qu’il avait une deuxième
identité.

Karen Crowley ignorait où son frère pouvait bien se trouver. C’était la culpabilité et la honte qui l’avaient ramenée aux États-Unis pour lui présenter ses excuses. Des décennies plus tôt, ses parents lui avaient confié la garde de son frère cadet, Sam. Et s’était passé quelque chose d’affreux pendant leur absence, mais Karen n’avait pas envie d’en parler. Elle demandait un avocat avant d’accepter d’en dire
davantage.

Cynthia, la femme de Sam Jones, la seule personne qui aurait pu lever le voile sur ce qu’avait fait Sam au cours des quatorze dernières années, avait été assassinée et son cadavre abandonné dans le grenier. Les voisins la connaissaient sous le nom de Cindi, mais personne n’avait jamais échangé plus de deux mots avec Samuel Jones. Apparemment, Cindi et Sam étaient restés repliés sur eux-mêmes.

Alors que Jared sortait de l’allée et enclenchait son oreillette, le téléphone
sonna.

— C’est encore moi…
Jessica.

Jared se concentra sur la route. Il avait hâte de rejoindre le domicile de Lizzy, où il espérait la trouver. Incapable de dormir, elle avait dû se rendre à son bureau ou à son appartement pour poursuivre les recherches de son
côté.

— Désolée de vous déranger encore une fois, dit Jessica, mais plus j’y songe et plus je me rends compte que j’aurais dû au moins vous expliquer pourquoi j’essayais de retrouver Lizzy tout à l’heure.

— D’accord, allez-y.

— Avant de vous appeler, un peu plus tôt, j’ai reçu un appel de la mère de Sophie Madison. J’allais attendre jusqu’au matin pour en parler à Lizzy, mais je ne pourrai pas dormir si je ne raconte pas à quelqu’un ce que m’a dit Mme
 Madison.

— Mme Madison vous a appelée à une heure aussi
matinale ?

— Elle ne dort pas beaucoup, en ce
moment.

C’était tout à fait compréhensible, songea-t-il.

— Je lui avais dit qu’elle pouvait m’appeler n’importe quand si elle avait besoin de parler. Elle aime que je la tienne informée des avancées de l’affaire, alors j’essaie de le
faire.

— Dites-moi ce qui vous tracasse,
Jessica.

— Vous vous rappelez, quand vous avez dit l’autre jour que Sophie Madison ne portait pas d’appareil dentaire lorsqu’on a retrouvé son
corps ?

— Je m’en
souviens.

— Eh bien, en parlant avec la mère de Sophie, j’ai évoqué le nombre de filles disparues qui portaient un appareil. Elle m’a alors expliqué que Sophie venait juste de s’en faire poser un, deux semaines avant son enlèvement. Mais je ne lui ai pas rapporté vos propos sur le fait qu’elle n’en portait aucun à ce moment-là, parce que je ne voulais pas la perturber, mais j’ai pensé que cela vous
intéresserait.

Il serra la
mâchoire.

— Lui avez-vous demandé qui était le docteur de
Sophie ?

— Pas besoin. Elle me l’a dit d’elle-même.

— Qui est-ce,
Jessica ?

— Je pensais vous l’avoir déjà expliqué. L’orthodontiste de Sophie était le Dr McMullen, le même orthodontiste que consulte Brittany
Warner.

 

 

Mardi 23 février 2010, 4 h
 21

 

La porte s’ouvrit en grinçant et Hayley adressa un signe de tête furtif à Brittany, pour lui indiquer que le moment était venu de faire semblant de
dormir.

Brittany ferma les yeux en serrant bien fort les paupières et pencha la tête jusqu’à ce que son menton vienne se poser contre sa
poitrine.

Spiderman glissa un œil à l’intérieur. Il regarda fixement Brittany. Lorsqu’il entra dans la pièce, Hayley se rendit compte qu’elle retenait sa respiration. Elle priait pour que Brittany ne se trahisse pas, par un geste ou un tremblement. La menotte en fer qui maintenait le poignet gauche de Brittany était toujours enchaînée au mur, mais le crochet se détendait. Elles avaient juste besoin d’un peu plus de
temps.

Il se tourna vers
Hayley.

— Tu es toujours vivante, lança-t-il.

— Sans blague,
Sherlock.

— Tu te crois drôle, n’est-ce
pas ?

— Tu sais ce qu’on dit : rire, ça fait vivre plus
longtemps.

Son regard se posa sur le couteau, sur la table de chevet à côté du lit. Il l’avait laissé là pour la narguer, en sachant qu’elle serait incapable de penser à autre chose qu’au moyen de mettre la main dessus pour lui trancher la
gorge.

— Quand ta nouvelle petite amie se réveillera, lui dit-il, je vais lui montrer ce qui arrive aux fortes têtes. Une fois qu’elle m’aura vu te découper comme une dinde de Noël, ce sera la fille la plus obéissante de toute la
ville.

— N’oublie pas la sauce aux baies
rouges.

— Tu es une petite insolente,
toi !

— Et toi, tu es un
connard.

Il pinça les lèvres, la mine revêche, et traversa la pièce en serrant les poings le long de son corps. Il avait beau boitiller et sembler plus pâle que jamais, il était toujours très énergique. Merde. Elle avait dépassé les bornes. Il prit le couteau qu’il lui avait arraché l’autre jour et appuya sur le bouton. La lame jaillit et, à la vue de sa tranche de métal coupante, elle regretta de ne pas avoir su garder sa langue. D’habitude, ses commentaires effrontés le faisaient rire, mais ce soir il semblait différent − nerveux, furieux et
fébrile.

Si ses moindres gestes avaient toujours été mesurés et précis, ce n’était plus le cas. Au lieu de défouler sa colère sur elle comme elle l’imaginait, il alla se camper devant
Brittany.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en espérant le ramener à la
raison.

Il posa la lame tranchante contre la joue de Brittany et la pointe du couteau s’enfonça dans sa
peau.

Hayley priait pour que Brittany garde le silence, mais la jeune fille poussa un petit cri. Comment aurait-il pu en être autrement ? Du sang s’échappait de sa
blessure.

— Tu as cru pouvoir me berner,
hein ?

Il tendait le doigt vers Hayley tout en
parlant.

— N’écoute pas un mot de ce que cette fille te raconte. Pas si tu as envie de
vivre.

Hayley vit les lèvres de Brittany se mettre à trembler. Elle aurait voulu lui dire de garder son calme et de prendre une profonde inspiration, peut-être de compter jusqu’à dix, mais elle retenait sa langue. Elle avait déjà expliqué à la fille de ne pas montrer sa peur, car il s’en
régalait.

Il empoigna Brittany par les cheveux et les lui coupa net. Elle essayait désespérément de faire preuve de courage, et Hayley dut se mordre la langue pour ne pas le supplier d’arrêter. Si elle l’implorait, la situation déjà critique ne ferait qu’empirer.

Il posa le couteau contre la gorge de
Brittany.

— Qu’en dis-tu, Hayley ? Tu préfères la voir mourir aujourd’hui ou perdre un autre
doigt ?

— Ce que je préférerais, c’est que tu ailles te faire
foutre.

Il fit lentement glisser la lame le long du cou de Brittany et descendit en direction de sa poitrine sans pour autant lui entailler la peau. Il cherchait simplement à leur faire peur. Les larmes coulaient sur les joues de
Brittany.

— Regarde cette peau de porcelaine,
Hayley.

Il continua de promener la lame du couteau sur le nez et le menton de Brittany. L’excitation se lisait dans son regard chaque fois qu’elle tressaillait ou qu’un gémissement lui
échappait.

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